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Édito

Pourquoi tant d’acharnement ?

Édito | publié le : 01.06.2021 | Jean-Paul Coulange

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Pourquoi tant d’acharnement ?

Crédit photo Jean-Paul Coulange

L’œil déjà rivé sur la future campagne présidentielle, Emmanuel Macron temporise sur deux réformes d’ampleur : celles des retraites et de la dépendance. Mais, sauf surprise, l’exécutif s’accroche, comme à un totem, à la réforme de l’assurance-chômage qui doit entrer, partiellement, en vigueur au 1er juillet. Elle figurait dans son programme pour 2017, avec l’ambition de mettre sur pied un système universel, ouvert aux travailleurs indépendants et aux démissionnaires et de réduire le recours aux contrats de travail de courte durée. Depuis, la réforme de l’assurance-chômage vire au feuilleton : signature d’un accord national interprofessionnel, vote d’une loi, renégociation infructueuse de la convention d’assurance-chômage, présentation d’une réforme unilatérale, puis reports successifs en raison de la crise sanitaire, annulation partielle par le Conseil d’État, occupation de lieux culturels pour exiger le retrait de certaines mesures… Les rebondissements s’enchaînent comme dans une bonne pièce de boulevard.

Le dossier a au moins eu le mérite de refaire l’unité entre les cinq syndicats représentatifs, tandis que du côté patronal, le Medef propose de dynamiter le système mis en place en 2008 avec la fusion de l’ANPE et de l’Assedic et d’en revenir aux fondamentaux de 1958 avec la création d’un nouveau régime paritaire. Bref, on est loin d’en avoir terminé avec l’assurance-chômage, d’autant que les syndicats vont tenter à nouveau d’infléchir le cours de l’histoire en saisissant le Conseil d’État. Le nœud gordien de l’affaire, c’est le nouveau calcul pour l’indemnisation des demandeurs d’emploi qui ferait baisser l’allocation de plus d’un million d’entre eux, selon les prévisions de l’Unedic. Une récente étude du Centre d’études de l’emploi et du travail montre d’ailleurs que la réforme, destinée à activer le retour à l’emploi et à éviter d’enfermer certains allocataires dans les contrats courts, raterait tout bonnement sa cible.

En 2021, le déficit de l’Unedic devrait atteindre 10 milliards d’euros et la dette du régime d’assurance-chômage plus de 70 milliards l’année suivante. En 2018, les partenaires sociaux n’étaient pas parvenus à trouver un milliard d’économies par an. Les mesures mises en œuvre à partir de cet été, au forceps, rapporteront beaucoup moins. Dès lors, la question qui se pose légitimement est celle du maintien d’une réforme aussi contestée qu’elle semble peu efficace.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange