Y a-t-il plusieurs Thierry Beaudet ? Nathalie Degrelle, aujourd’hui membre du bureau de la Fédération CFDT protection sociale travail emploi, a commencé à le côtoyer en tant que représentante des salariés lorsqu’il est devenu président de la MGEN en 2009. À l’écouter, le personnage présente plusieurs facettes : « Il y a l’employeur dirigeant d’entreprise, mais aussi le côté humain, au contact avec les IRP, avec lesquels il est respectueux et cordial, et il y a aussi le représentant des mutuelles, avec une double casquette, de président de la FNMF et du groupe Vyv. » Michel Yahiel, directeur des politiques sociales de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), retient surtout la dimension d’homme d’action : « Thierry Beaudet est un entrepreneur, un modèle un peu nouveau dans la galaxie de la protection sociale dont il est un acteur majeur. C’est un bâtisseur, un constructeur. Il est dans l’opérationnalité. »

Né dans un milieu rural de l’Orne, Thierry Beaudet ne s’imaginait sans doute pas pareil destin. Devenu instituteur, il s’engage dans le monde associatif dédié à l’enfance et à l’éducation populaire. C’est au milieu des années 1980 que les responsables de la MGEN de l’Orne font appel à lui. En 2003, il est élu administrateur et, six ans plus tard, président. « Je dis souvent que la mutualité est l’école de mon deuxième parcours, résume Thierry Beaudet. Elle m’a permis d’exercer des responsabilités auxquelles je n’étais pas naturellement destiné en tant qu’instituteur. » En 2016, il est élu président de la Fédération nationale de la mutualité française et devient l’année suivante président du groupe Vyv. La preuve des grandes capacités du dirigeant mutualiste, selon Michel Yahiel : « Il a réussi à bâtir un grand groupe à partir du rapprochement, pas forcément évident, entre les plus grandes mutuelles de fonctionnaires et de salariés, dans un secteur qui est devenu économiquement très exigeant. »

Autant d’atouts qui ont sans doute joué pour succéder, le 18 mai, à Patrick Bernasconi, à la présidence du Conseil économique, social et environnemental (Cese), la troisième chambre constitutionnelle de la V^e République. Thierry Beaudet y a déjà effectué un mandat, de 2010 à 2016. Il en a gardé la conviction que cette institution peu connue avait un rôle décisif à jouer pour l’avenir. « Dans une France qui se tend de plus en plus, qui ne sait plus gérer ses désaccords, le Cese, de par sa culture du dialogue, est une institution plus que jamais nécessaire. Dans un pays en proie à une certaine usure démocratique, j’ai la conviction que le Cese peut jouer un rôle encore plus important pour faire vivre une démocratie mixte, continue, où les acteurs de la société civile seront associés en amont à la fabrication de la décision publique. » Compte tenu des défis qui l’attendent, les multiples facettes de Thierry Beaudet seront un atout peut-être décisif pour restaurer le Cese en tant que haut-lieu du dialogue social où les désaccords peuvent faire advenir une vision commune, gage de cohésion mais surtout viatique pour l’avenir. Sa présidence a toutes les chances d’être singulière. « Il a été instituteur, rappelle Nathalie Degrelle. Il en reste quelque chose dans son approche, il a toujours une préoccupation de l’avenir et de la jeunesse, de l’éducation au sens large. Il est très attentif aux inégalités sociales et aux inégalités sociales de santé. » Une ligne d’horizon utile pour qui souhaite éviter un emballement délétère du dialogue entre les représentants de différentes couches de la société.

2003

Administrateur de la MGEN

2009

Président de la MGEN

2016

Président de la Mutualité française

2021

Président du Cese