Avec le choc économique de la Covid-19, la dette publique a explosé « et devrait atteindre les 120 % du PIB en 2021 » en France. Les États « n’ont heureusement pas hésité à s’endetter pour soutenir les entreprises et les ménages ». Mais attention au retour probable de la rigueur salariale à l’issue de cette crise. Dans leur nouvel opus, Les économistes atterrés livrent « un précis d’économie citoyenne » sur la dette française, déconstruisant le mythe de son « niveau dangereux », ou son poids pour les générations futures. Un exercice engagé, ce collectif keynésien partant des cures d’austérité après la crise de 2008, jugées « dramatiques » en matière de recul des droits sociaux ou du système de santé. Ils entendent montrer que la vision de l’endettement catastrophique est une « construction politique » libérale. Selon eux, rapportés à la valeur nette du patrimoine, la France n’irait pas si mal, avec « des dettes s’élevant à 67 % des actifs ». Et l’État peut les faire « rouler », en réempruntant à long terme. Entre bilan et propositions, les auteurs critiquent les inégalités des plus riches « qui profitent de la dette ». Et soutiennent un autre ratio que la « charge de la dette » calculée par rapport au PIB : « en la rapportant aux recettes publiques », la tendance serait plutôt à la baisse… S’il faut sortir de la dépendance aux marchés financiers, leur livre est un plaidoyer « pour une dette utile ». Et pour une réforme fiscale plus juste, orientée vers la transition écologique.
Les économistes atterrés, E. Berr, L. Charles, A. Jatteau, J. Marie, A. Pellegris, Éditions du Seuil, 224 pages, 19 euros.