Un an après son premier confinement, qui aurait pensé que la France serait encore sous la menace des variants du virus, à gérer une économie fragilisée, à composer avec les effets parfois insidieux du télétravail imposé ? Toutefois, en prenant de la hauteur, force est de constater que des avancées insoupçonnées ont eu lieu, des aides jusque-là inimaginables débloquées, des transformations d’activités professionnelles gérées avec une rapidité déconcertante. La crise révèle la performance. Quelles leçons en tirer pour l’entreprise ?
Un premier bilan de la situation fait état de grands progrès dans plusieurs domaines. La mobilisation gouvernementale par exemple : l’administration Biden vient de faire adopter par le Congrès un plan de relance de 1 900 milliards de dollars. Les chiffres du plan de relance européen et le « quoi qu’il en coûte » français donnent également le tournis et montrent notre capacité à remettre en cause les normes de la gestion économique. Prenons le vaccin ensuite : en février 2021, l’OMS indique que 175,3 millions de doses ont déjà été administrées, ce qui implique que nos entreprises pharmaceutiques ont réussi à développer, faire approuver, fabriquer et distribuer des vaccins en 12 mois, là où elles mettent en général 10 ans1. Parlons également de la réorganisation, à l’échelle mondiale, du travail : en quelques mois les collaborateurs se sont adaptés aux nouveaux rythmes, sont devenus adeptes de Teams ou de Zoom, ont réaménagé leur domicile en bureaux et en salles de classe.
Il y a eu des retards et des erreurs de jugement, face au confinement par exemple, ou dans la fabrication et la fourniture des vaccins. Concernant le télétravail, selon une étude DARES – ministère du Travail, pour le Monde, 47 % des interrogés font état d’une surcharge de travail et 57 % d’un sentiment de solitude, souvent cité comme l’un des facteurs pouvant mener à l’épuisement professionnel.
Au moment où nous sommes en train de remettre à plat nos organisations, de pérenniser le télétravail, de changer parfois radicalement d’activité, il est important d’actionner les bons leviers en matière de motivation des collaborateurs, à travers 4 dimensions :
1. Donner du sens, le « purpose »
La crise a montré notre capacité à se fédérer pour une cause qui transcende les modalités normales de fonctionnement. Resituer l’action de l’individu dans son ensemble, exprimer l’activité d’une entreprise sous forme de sa contribution à la société redonnent du sens et engagent les collaborateurs autour d’une vision véritablement inspirante.
2. Aligner la culture managériale
Repensons le rôle et les attendus du manager–leader. Soyons disponibles pour lutter contre la solitude et le stress, malgré la distance. Ne contrôlons plus autant, faisons confiance. Ne dictons pas les étapes, laissons de l’autonomie.
3. Repenser le travail et les mesures de la performance
La productivité au travail trouve ses racines dans la révolution industrielle et est de moins en moins adaptée à l’économie des services et du savoir. Laissons la productivité aux machines et aux robots informatiques. La création de valeur d’un être humain réside dans sa capacité à créer de l’empathie, à comprendre si un client est content du service rendu ou à expérimenter de nouvelles façons de faire. Adaptons les mesures de la performance en conséquence.
4. Revoir les modalités de récompense
La crise a démontré que la motivation et le sens au travail étaient de véritables gages de performance au travail. Aussi, et en regard des limites des récompenses extrinsèques pourtant si communes, les systèmes de bonus doivent être repensés pour créer les conditions d’expression de la motivation intrinsèque de chacun, véritable source de performance.
En bref, profitons de ce moment charnière pour réinjecter de l’humain dans le travail !
Mark Wolstenholme
Partner, People Consulting EY
(1) Wellcome Trust – infographic-vaccine-development
