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Édito

Faber, l’anti-Riboud ?

Édito | publié le : 01.04.2021 | Jean-Paul Coulange

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Faber, l’anti-Riboud ?

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Nom : Faber, prénom : Emmanuel, numéro de badge : 187. C’est avec la photo de son badge d’accès au siège de Danone, que l’ex-PDG du groupe agroalimentaire a salué, sur les réseaux sociaux, « ses chères équipes » en quittant définitivement l’entreprise mi-mars. Rarement l’éviction d’un dirigeant de société du CAC 40 aura suscité autant de commentaires. Les raisons de ce déchaînement médiatique tiennent d’abord aux conditions de son départ, réclamé et obtenu par des fonds d’investissement détenteurs de 3 % seulement du capital de Danone. Ensuite, Danone n’est pas une valeur ordinaire du marché boursier français (qui a salué le renvoi d’Emmanuel Faber par une hausse de l’action de plus de 6 % en quelques jours). C’est même une vraie success story qui a vu une verrerie lyonnaise devenir le groupe BSN puis le géant Danone sous la houlette d’un patron emblématique et visionnaire, Antoine Riboud. Un dirigeant qui osa développer l’idée, devant les assises du CNPF réunies à Marseille, qu’une entreprise devait mener un double projet, économique et social, performance économique et performance sociale allant de pair. Il y a près de cinquante ans, le propos fut jugé quasi-révolutionnaire.

C’est à Emmanuel Faber que Frank Riboud choisit de confier les rênes de Danone en 2017. Un financier empreint d’humanisme qui, un an auparavant, avait lui-même prononcé un discours mémorable sur la justice sociale, lors de la remise des diplômes à HEC. Accordant ses paroles à ses actes, le dirigeant du groupe agroalimentaire est parvenu à faire adopter à 99 % par les actionnaires la transformation de Danone en entreprise à mission, en juin 2020. Naturellement, la tentation est grande chez certains observateurs de relier la répudiation d’Emmanuel Faber à ce changement de statut. D’autres mettent davantage en avant les moindres résultats financiers de Danone par rapport à ceux de ses concurrents, le style de management rugueux du PDG, les départs de plusieurs cadres dirigeants… Force est de constater que sa main n’a pas tremblé lorsqu’il a fallu décider, cinq mois après, un plan de 1 500 à 2 000 suppressions d’emplois. Une goutte d’eau à l’aune de ses 100 000 salariés mais une tache sur l’image de Danone. Ceux qui ont un peu de mémoire se souviendront pourtant qu’en 2002, La biscuiterie LU, filiale de Danone, avait défrayé la chronique sociale avec un plan de 1 800 suppressions d’emplois qui s’était immiscé dans la campagne présidentielle de Lionel Jospin. Alors Faber, un anti-Riboud ? Pas si simple…

Auteur

  • Jean-Paul Coulange