S’il est difficile d’imaginer l’économie post-Covid, ce bref livre de Patrick Artus et Olivier Pastré jette des pistes de réflexion pour l’avenir. Avec des entreprises en grande difficulté, ces économistes doutent que « nous allions vers un capitalisme plus inclusif » qu’attend l’opinion, qui prend en compte toutes les parties prenantes de l’entreprise mais aussi le climat et l’environnement ». Leur livre, libéral, esquisse à grands traits des « scénarios de rupture ». Pour aborder la transition écologique, ils remettent au goût du jour la taxe carbone si controversée pour obliger les entreprises à réduire leurs émissions de CO₂. Et plaident pour une stratégie politique ambitieuse de transition vers des secteurs porteurs, comme la santé, les technologies et autres e-commerce. Afin d’accompagner ces reconversions, ils suggèrent même de « doubler » le budget de 30 milliards d’euros de la formation professionnelle. Avec un contrôle rigoureux des prestataires. Le livre est inégal, parfois radical. Certes, il va falloir soutenir certaines entreprises, le duo proposant de transformer leurs dettes en « quasi-fond propres », d’alléger encore leur fiscalité pour les aider à investir, notamment en repoussant la retraite… à 65 ans ! Dernière bombe : réformer « le financement opaque » des syndicats, « trombonisés au sommet ». Les auteurs appellent à décentraliser davantage le dialogue social en entreprise pour amortir la crise. Voilà qui ne plaira pas à tous les syndicats.

Patrick Artus, Olivier Pastré, Éd. Fayard, 128 pages, 14 euros.