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Idées

De l’autonomie à l’ère du capitalisme cognitif

Idées | Livres | publié le : 01.03.2021 | Frédéric Brillet

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De l’autonomie à l’ère du capitalisme cognitif

Crédit photo Frédéric Brillet

Ce livre propose une analyse critique du capitalisme cognitif qui exige plus d’autonomie dans l’exécution des tâches tout en précarisant les actifs et en les maintenant dans la dépendance économique.

Partout, le taylorisme cède du terrain au profit de l’organisation par projet ou mission chère au capitalisme cognitif, ce qui requiert d’accroître l’autonomie des salariés. Celle-ci devient dans ce nouvel âge du capitalisme un critère majeur de qualification des emplois et d’évaluation des performances. Accorder plus d’autonomie aux salariés est en effet nécessaire pour que ces organisations puissent créer de la valeur en marchandisant des données. À l’inverse, le travail non salarié perd en autonomie face au pouvoir des donneurs d’ordre. Ces intermédiaires, Uber et consorts, se développent en s’appuyant sur des collaborateurs qui ont le statut d’indépendants sans en avoir vraiment la liberté. La séparation binaire entre travail salarié et non salarié perd finalement de sa pertinence, tout comme le lien juridique de subordination. Les formes de travail hybrides partagent un autre point commun : les revenus et le temps de travail peuvent varier considérablement d’une période à l’autre. Cela posé, la sociologue et économiste Antonella Corsani s’interroge sur le sens que revêt l’autonomie dans des métiers hybrides comme l’intermittent du spectacle. « Souvent porteur de projet, il est parfois son• propre employeur, mais toujours présumé salarié selon le droit du travail français. est free-lance dans la plupart des autres pays, mais déclaré au forfait et payé à l’enveloppe en France, par-delà les apparences formelles du salaire. » Même constat pour l’auto-entrepreneur dont le rapport avec les clients/donneurs d’ordres est intermédié par les plateformes numériques. Dans cette catégorie, on trouve encore la figure de l’entrepreneur salarié apparue dans les années 1990, lorsque des femmes ont inventé les coopératives d’activités et d’emploi (CAE). À partir d’une enquête au long cours sur ces formes atypiques qui pourraient s’étendre sur le marché du travail, l’auteure propose une cartographie de ses mutations et un questionnement. Quelles sont les conditions de la liberté dans un tel système ? Dans quelle mesure la discontinuité peut-elle contribuer à une écologie temporelle au lieu d’être un facteur de précarité existentielle ? Par quels moyens, cette discontinuité de source de précarité peut-elle devenir liberté du temps ? Antonella Corsani pointe à cet égard les pratiques de résistance dans certains métiers qui traduisent par une volonté de dépasser ce capitalisme cognitif.

« Le travail entre hétéronomie et autonomie »

par Antonella Corsani, Presse de Sciences Po, 20 euros

Auteur

  • Frédéric Brillet