Joe Biden, le nouvel occupant de la Maison Blanche, l’a dit et répété. « Je suis le président le plus en faveur des syndicats que vous ayez jamais vu ». Dès qu’il a pris ses fonctions, Joe Biden a donc choisi un ami « syndicaliste » pour diriger le ministère du Travail, le premier du genre depuis 50 ans. L’heureux élu, Martin Walsh, 53 ans, se présente comme l’ancien maire démocrate de la ville de Boston. Mais il a siégé auparavant à la Chambre des représentants du Massachusetts et il a surtout été un leader syndical du bâtiment. À 21 ans, le jeune homme rejoint le local 223 du syndicat Laborer’s International Union of North America. Et plus tard, en 2010, il prend la tête du Boston Metropolitan District Building Trades, réunion de plusieurs syndicats du bâtiment.
Martin Walsh, comme Joe Biden, a des racines irlandaises. C’est un catholique, qui a osé ouvertement évoquer son passé d’alcoolique à la convention des Démocrates, en 2016. Il est réellement un proche du président. On l’a vu en 2019 aux côtés de Joe Biden, manifester son soutien aux grévistes d’un supermarché Stop and Shop. « Je travaillerais aussi dur que vous le faites pour nourrir vos familles, je vous le promets », a déclaré Martin Walsh dans un tweet, juste après sa nomination au gouvernement. Tandis que la sénatrice du Massachusetts, Elizabeth Warren, lui a apporté tout son soutien. « J’ai confiance en Marty », a-t-elle dit.
En tout cas, après l’ère Trump, le nouveau ministre du Travail est attendu. « Nous espérons un ministère enfin opérationnel, indique Patricia Campos Medina, directrice du Worker Institute à l’université Cornell. Nous voulons un ministre qui applique la loi et assure la santé et la protection des personnels. » Dans l’immédiat, les directives de Martin Walsh sont également très attendues par l’agence fédérale OSHA (Occupational Safety and Health Administration), en charge de la santé et de la sécurité des salariés. « Le gouvernement précédent a laissé chaque État se débrouiller », poursuit-elle. Le nouveau ministre devra donc instituer des règles communes en matière de port du masque, de distanciation, de ventilation… et il veillera à faire appliquer la loi. Martin Walsh a d’ailleurs promis d’embaucher plus d’inspecteurs.
Parmi les services placés sous la tutelle du ministre, l’agence NLRB (National Labor Relations Board), responsable de l’application des lois sur le travail, est sur la sellette. Joe Biden a déjà remercié Peter Robb, le juriste, ami des patrons, qui gérait au quotidien l’organisation durant la présidence de Donald Trump. Il faudra lui trouver un successeur, plus proche des syndicats. Et quand le temps sera venu, assurer le renouvellement du conseil d’administration de la NLRB. Une des missions urgentes de l’agence : donner des directives claires sur les travailleurs d’Uber, Lyft et autres nouvelles entreprises. Et trancher la question de leur statut : indépendants ou employés, bénéficiaires de garanties basiques ?
On espère, de même, le soutien du nouveau ministre sur le projet de loi PRO (Protecting the Right to Organize), qui facilite l’implantation des syndicats en entreprise, renforce les pénalités imposées aux employeurs qui ne respectent pas la loi, et affaiblit les législations « right to work », passées dans plusieurs Etats. Lorsque Martin Walsh aura achevé le détricotage des règles imposées par le gouvernement Trump, on l’attend aussi sur le dossier de l’emploi. En janvier 2021, le chômage était de 6,3 %, soit le double du taux de janvier 2020. Il va falloir former et réorienter les chômeurs vers les énergies renouvelables et autres secteurs prometteurs. Cela tombe bien. L’ancien syndicaliste du bâtiment est un expert en apprentissage.
1967
Naissance le 10 avril à Boston
2010
Prend la tête du Boston Metropolitan District Building Trades
2014
Élu maire de Boston
2021
Devient ministre du Travail du gouvernement Biden
