logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Édito

Un Blue Monday qui dure, dure…

Édito | publié le : 01.02.2021 | Jean-Paul Coulange

Image

Un Blue Monday qui dure, dure…

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Coïncidant avec le troisième lundi de janvier, le Blue Monday, le jour le plus déprimant de l’année, paraît-il, prend une signification toute particulière en 2021. Il flotte sur le pays, et sur le monde du travail, un air de déprime comme on en a rarement vu. En Polynésie, cet état est bien connu des locaux. Quand un salarié appelle le matin son employeur et lui dit « je suis fiu », pas besoin d’en rajouter. Il ne viendra pas travailler et on ne lui posera pas de questions. Être fiu, un mot qui figure dans le Larousse depuis 2015 entre fitness et FIV, c’est être en proie à une grande lassitude. À quinze mille kilomètres de là, ce n’est pas le mal de l’insularité connu de tous les îliens, qui taraude nos concitoyens. C’est un cocktail redoutable, composé d’une crise sanitaire qui n’en finit pas, d’une crise économique et sociale annoncée et d’une crise de la valeur travail.

On ne s’appesantira pas ici sur le sort des télétravailleurs qui frôlent le burn-out, incapables de déconnecter, naviguant d’une visioconférence à une autre, se débattant avec les outils qu’ils ont à leur disposition, le dos en compote, l’écouteur vissé sur l’oreille. La grande majorité des salariés n’en sont pas encore là, mais ils broient du noir. Selon un sondage réalisé par l’agence d’intérim QAPA, juste avant le fameux Blue Monday, auprès de plusieurs millions de candidats, près des trois quarts des répondants déclarent se sentir plus déprimés que l’année dernière. Sans surprise, ils attribuent leur morosité présente à la situation sanitaire, loin devant le climat politique et social et le climat professionnel. Quatre sur dix pensent même que l’année 2021 sera pire que la précédente, c’est tout dire.

Du travail, beaucoup de salariés ont perdu le goût et l’odeur, comme s’ils avaient été frappés par le coronavirus. Le grand défi qui se présente aux dirigeants d’entreprise, c’est de fixer un nouveau cap, et aux managers de proximité de redonner du sens et de l’envie à leurs équipes. Envie de prendre des initiatives, d’innover, de relever des challenges. Le DRH d’une grande entreprise publique, un brin inquiet, nous confiait qu’il avait été confronté au refus de cadres de prendre des responsabilités supplémentaires. Une forme de désengagement inédite menace les salariés en ce début d’année. Il ne faudrait pas que le syndrome du Blue Monday s’éternise car la valeur travail s’en trouverait durablement dépréciée.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange