Dans son nouveau livre « Le capitalisme, sans rival », Branko Milanovic plonge dans la dynamique du capitalisme « qui domine le monde » sous un angle historique et politique. Avec ses travaux empiriques, l’ex-économiste de la Banque mondiale, spécialiste des inégalités, analyse deux systèmes : d’un côté le capitalisme « politique » (la Chine), et un régime « autoritaire » avec un secteur privé prédominant sous contrôle politique, une bureaucratie efficace au service de la performance. Un modèle où les inégalités de revenus demeurent, et où la corruption du pouvoir est « endémique ». De l’autre, le capitalisme « méritocratique libéral » américain, qui a gagné l’Occident au cours des deux derniers siècles, dont la France. L’économiste y pointe un système de reproduction des élites où la classe dirigeante, fondée sur la richesse et l’éducation, « contrôle l’essentiel du capital financier du pays ». Un cas flagrant aux États-Unis, où « 10 % des plus riches contrôlent 90 % des actifs financiers ». Branko Milanovic n’est guère tendre avec cette caste qui possède le pouvoir économique et « utilise l’argent pour contrôler le processus politique et changer les lois ». Intéressante, cette vaste réflexion mondiale est aussi sombre. Sauf à s’attaquer à la concentration des richesses et des revenus du capital, il estime que le capitalisme libéral aux mains d’une élite « ploutocratique » l’emportera. L’avenir serait à « une hypermarchandisation », jusqu’à la vie privée…

Branko Milanovic, Ed. La découverte, 304 pages, 22 euros.