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Édito

Quoi qu’il en coûtait…

Édito | publié le : 01.01.2021 | Jean-Paul Coulange

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Quoi qu’il en coûtait…

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Une terrible année 2020 s’achève. Et force est de constater qu’une année 2021 très incertaine commence pour les entreprises comme pour les salariés. Avec un bond de près de deux points au troisième trimestre, le chômage touche désormais 2,7 millions de nos concitoyens, et le quatrième et dernier trimestre ne devrait pas marquer d’amélioration. Pourtant, le régime d’activité partielle – qui a concerné près de neuf millions de salariés en avril dernier – a permis d’éviter l’asphyxie dans les agences locales de Pôle emploi. À quel prix ? Au plus fort de la crise sanitaire, en avril, près de 800 millions d’heures ont été indemnisées, contre à peine 300 millions en pleine crise financière des années 2008-2009. La facture pourrait avoisiner les 30 milliards d’euros, somme inscrite par l’État dans son dernier budget rectificatif pour 2020, compte tenu de la fermeture des bars, des restaurants, des salles de spectacle et autres salles de sport. À ce montant colossal viendra s’ajouter la note de l’activité partielle de longue durée – très répandue dans les secteurs en crise à l’instar de l’industrie aéronautique – qui a connu une véritable envolée avec des milliers d’accords conclus pour plusieurs centaines de milliers de salariés.

Incontestablement, le « bouclier anti-licenciements » comme on l’a surnommé au ministère du Travail, a fonctionné, permettant de retarder, à défaut de contenir, la vague annoncée des plans de sauvegarde de l’emploi. Il n’empêche qu’on en dénombre plus de 650 – déjà deux fois plus qu’en 2019 –depuis le premier confinement, portant sur plus de 67 000 suppressions d’emplois. Sans paraphraser François Mitterrand et son fameux « contre le chômage on a tout essayé », prononcé en 1993, alors que l’Hexagone comptait trois millions de demandeurs d’emploi, Emmanuel Macron pourrait, lui aussi, souligner que ses Gouvernements ont presque tout mis en œuvre pour préserver l’emploi. Jean Castex mise désormais sur des solutions territoriales, avec le dispositif des « transitions collectives » pour organiser des reconversions professionnelles sur un même bassin d’emploi entre des entreprises qui licencient et d’autres qui recrutent. L’heure est à la mobilisation des acteurs de terrain… et à la mise en œuvre de dispositifs moins budgétivores que l’activité partielle. Protéger les emplois « quoi qu’il en coûte » n’est plus d’actualité en ce début d’année, tant les finances publiques ont été mises à contribution en 2020. À charge pour l’exécutif d’être imaginatif et résilient.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange