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Prendre son temps pour favoriser de nouvelles solutions

Rendez-vous experts | publié le : 01.12.2020 | Patrick Georges

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Prendre son temps pour favoriser de nouvelles solutions

Crédit photo Patrick Georges

Bien qu’amortie par la prise en charge d’une partie des salariés au titre des dispositifs d’activité partielle, la crise économique va obliger les entreprises à engager des restructurations. Une occasion de réfléchir à la façon de mieux gérer les conséquences sociales dans la durée et en concertation avec tous les acteurs concernés au niveau des territoires. Explications de Patrick Georges, directeur de la practice MIT (mutations territoriales et industrielles) de LHH.

Alors que les nuages s’amoncellent, les industriels auraient tort de ne pas prendre du temps pour réfléchir à leur restructuration. Globalement, les commandes passées avant la crise alimentent les usines qui continuent de tourner, même au ralenti. Combinée à l’APLD (activité partielle de longue durée), aux départs volontaires ou à la retraite anticipée, cette situation permet, dans l’immédiat, de limiter les PSE difficiles à mettre en œuvre sur un marché de l’emploi atone. Cette période doit être mise à profit par les entreprises pour préparer les prochaines étapes, quand l’impact de la chute de l’activité sur les ateliers deviendra tangible en raison du confinement du printemps dernier et des incertitudes sur l’avenir. Parallèlement aux discussions engagées par les groupes à l’échelle nationale ou internationale, ce travail d’anticipation doit également être réalisé au niveau des sites de production : quelles sont leurs forces et leurs faiblesses ? Leurs capacités de diversification, de produit ou de marché ? De cession ou de reconversion, voire d’accueil de salariés d’autres sites du même groupe en surchauffe ou d’entrepreneurs qui envisagent de se lancer et qui pourraient profiter d’espaces et d’équipements sous-utilisés ? Ce diagnostic amont est indispensable, tant la situation diffère selon l’histoire des sites et leur localisation. Il permet de se projeter et d’étudier toutes les possibilités en alternative à un PSE contraint.

Une approche au plus proche du terrain

Il est nécessaire de réaliser ce diagnostic sur les relations avec les fournisseurs et les sous-traitants, pour comprendre l’importance de l’impact à attendre sur le tissu industriel local et pour lister les profils les plus touchés. Une exploration sur la manière de revitaliser les sites doit ensuite être engagée : quel avenir pour le site à moyen et à long terme ? Comment valoriser cet actif ? Comment éviter impérativement la création d’une friche coûteuse et dévastatrice pour l’image de marque ? Conduite en concertation avec toutes les parties prenantes, cette analyse permettra de faire du site un outil au service du développement économique local et de l’emploi à plus long terme. Il s’agit de regarder quels ponts pourraient être construits pour faciliter la mobilité des salariés concernés, tous les secteurs n’étant pas impactés par la crise.

Utiliser tous les outils disponibles en même temps évite les séquençages, qui font souvent perdre du temps aux salariés menacés. Leur déploiement ne peut être envisagé que dans le cadre du dialogue social et en associant tous les partenaires. Les CSE ont à ce titre un rôle moteur dans ces dynamiques.

Jouer collectif

Les acteurs locaux, comme les services de l’État, doivent être, eux aussi, invités à s’asseoir autour de la table. Une bonne connaissance des acteurs, mais aussi des outils et des dispositifs d’accompagnement et de reconversion des salariés, est un atout, car le défi dépasse de loin celui des seules entreprises en difficulté. Les différents protagonistes ont tout à y gagner. Car dans un, deux ou trois ans, quand la crise sera derrière nous et que la croissance sera de nouveau à l’horizon, chacun sera jugé sur la manière dont il a géré cette période. Une épée de Damoclès qui incite à jouer la carte du collectif.

Auteur

  • Patrick Georges