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Édito

Circulez, y’a rien à négocier !

Édito | publié le : 01.12.2020 | Jean-Paul Coulange

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Circulez, y’a rien à négocier !

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Au nom de la survie de l’indispensable démocratie sociale, patronat et syndicats n’ont de cesse de réclamer à l’État de prendre toute leur part dans la construction des grandes réformes portant sur le travail, sur l’emploi ou sur la protection sociale. Or, le spectacle qu’ils offrent depuis la rentrée est désolant. À l’image des vociférations entendues dans l’arène politique, où, loin de tenter de faire consensus sur la conduite de la crise sanitaire, économique, sécuritaire et citoyenne que traverse notre pays, nos élus passent leur temps à se chercher querelle, organisations patronales et syndicales se complaisent dans des postures caricaturales, venues du monde d’avant.

Qu’il s’agisse de deux sujets aussi sérieux que le télétravail ou la santé au travail, les partenaires sociaux nous rejouent la pièce cent fois vue et revue de la confrontation et du dialogue de sourds, même si, en finalité, un ersatz d’accord interprofessionnel n’est pas totalement à exclure. Dans ce scénario usé jusqu’à la corde, le patronat a toute sa part de responsabilité. Inflexible sur le télétravail, intraitable sur la santé au travail, le Medef (lire également notre article page 20) ne cède pas un centimètre carré de terrain, brocardant toute idée d’accord contraignant ou refusant par avance toute réduction de ses prérogatives. Dans le camp d’en face, chacun fait entendre sa propre musique et se complaît à railler la copie patronale, sans opposer un véritable contre-projet.

Vu la gravité de la situation, on eût espéré que le paritarisme fonctionnât, sans rêver non plus d’accords à la Wassenaar, à la néerlandaise ou de réformes Hartz, dans l’Allemagne des années 2000. En France, nos leaders patronaux ou syndicaux ne cessent de montrer en exemple nos voisins d’Outre-Rhin ou des pays nordiques, mais sans jamais tenter de les imiter. La faute, aussi, à l’exécutif qui, au fil des crises que l’Hexagone a dû affronter, du mouvement des « gilets jaunes » à la contestation de la réforme des retraites jusqu’à la crise globale liée à la Covid-19, n’a jamais recherché un accord tripartite, remake des accords de Matignon, après mai 1968.

La conséquence de tout cela, c’est que les citoyens s’exaspèrent, que les salariés se désengagent et que les jeunes se découragent. L’urgence est, certes, de faire le dos rond pour passer la tempête et d’attendre des jours meilleurs. Mais viendra vite le temps de fixer un nouveau cap et de fédérer autour d’un nouveau projet si l’on veut que l’électeur ne succombe pas aux sirènes populistes, dans un an et demi.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange