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Idées

Les leçons de la crise de la CFDT

Idées | Livres | publié le : 01.11.2020 | Lydie Colders

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Les leçons de la crise de la CFDT

Crédit photo Lydie Colders

Face à la crise de la Covid-19, Laurent Berger plaide pour plus de justice sociale et pour une relance de l’emploi local vers la transition écologique. Encadrement des aides aux entreprises, mais aussi accords de compétitivité pour sauver l’emploi, il défend « l’art du compromis » dans le dialogue social.

Dans son livre, Laurent Berger prévient : face à la gravité de la crise sanitaire qui va créer « des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires », son syndicat « ne fera pas de procès au Gouvernement ». Une façon de positionner la CFDT en partenaire incontournable pour relancer l’activité. Dressant « les leçons de la crise » qui ont creusé les inégalités, il prône d’élargir la protection sociale aux précaires ou d’ouvrir le RSA au 18-25 ans. Mais le secrétaire de la CFDT se veut surtout offensif. Il faut, certes, amortir « le choc » grâce au chômage partiel, mais aussi agir vite, localement « pour créer de nouveaux emplois », dans le cadre de la transition énergétique ou des circuits courts. Il revendique donc « des plans territoriaux » dans cette relance, associant partenaires sociaux mais aussi entreprises de l’ESS, pour inventer des solutions sur mesure.

Les aides de l’État « ont évité un effondrement généralisé » des entreprises pendant le confinement, et restent « nécessaires ». Mais il faudrait plus de garanties. Laurent Berger propose de « conditionner certaines aides », (sans préciser lesquelles) à des critères, tels que la préservation « maximale de l’emploi » (comme des obligations pour l’emploi des jeunes, l’accompagnement des salariés dans les transitions professionnelles), ou l’encadrement des salaires des grands patrons « qui ne sont plus socialement acceptables », encore moins depuis cette crise. Et l’engagement « fort des entreprises à transformer leur modèle de production pour s’inscrire dans une croissance verte ».

D’autres indicateurs

Dépassant son rôle de syndicaliste, il plaide aussi pour que l’État intègre d’autres indicateurs laissés aux oubliettes, comme le taux de pauvreté, le niveau d’éducation ou d’accès aux soins, etc. La crise sanitaire montrerait la nécessité de penser la richesse autrement… Les accords dits « Covid » ont, pour lui, prouvé l’importance du dialogue social en entreprise. Mais dans cette période de réorganisation, « le risque, c’est de revenir aux plans sociaux comme en 2008 ». Le représentant de la CFDT milite donc pour créer un « droit conforme » des CSE sur « certaines orientations stratégiques de l’entreprise », en particulier sur l’organisation du travail. Un avis donc, et plus seulement une consultation, qui permettrait « de repousser ou d’amender » un projet de la direction. Mais cela n’empêche pas pour autant Laurent Berger d’être fidèle aux compromis. N’en déplaise à la CGT ou à FO, éviter des licenciements va passer par la négociation d’accords d’entreprises « avec un peu moins d’heures ». Ou d’autres, qui articuleront « maintien dans l’emploi et transformation ». En clair, il n’a rien contre les accords de performance collective, le temps de redémarrer après la crise. Mais « avec des efforts partagés ».

Sortir de la crise.

Laurent Berger, éditions Calmann Levy, 224 pages, 17 euros.

Auteur

  • Lydie Colders