Dans leur essai « Il faut taxer la spéculation financière », les économistes Ivar Ekeland et Jean-Charles Rochet appellent non pas à en finir avec ce phénomène, mission impossible selon eux face à l’extrême complexité des marchés financiers, mais « à en freiner la vitesse ». Sans la diaboliser, ils montrent une spéculation malsaine qui gagne la société, obligeant les entreprises cotées en Bourse à « agir à court terme » ou déviant les banques de l’investissement dans « l’économie réelle ». Problème : s’il existe bien, en France, une taxe sur les transactions financières (TTT) depuis 2012, elle rapporte peu à l’État (à peine 1 % du PIB) « et est aisément contournable », expliquent-ils. Que faire alors ? Passant en revue plusieurs options, les auteurs proposent d’élargir cette taxe à tous les marchés dérivés et aux devises. Autre solution, qui a visiblement leur préférence : « S’attaquer au nerf de la guerre » avec une micro-taxe de 0,5 % sur tous les paiements électroniques. Curieuse idée, car si elle pourrait rapporter gros à l’État (presque 90 milliards d’euros), cette taxe serait payée par tous, entreprises et citoyens. Mais elle permettrait aussi de toucher le trading à haute fréquence « et les banques de l’ombre », plaident-ils. Pas suffisante pour enrayer une nouvelle crise mondiale. Mais à condition d’être approuvée par les citoyens, cette manne pourrait « servir à financer la transition énergétique ». En bref, à redonner du souffle à l’économie.
Jean-Charles Rochet et Ivar Ekeland, éditions Odile Jacob, 240 pages, 23,90 euros.