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Édito

Et si la rentrée sociale avait lieu en janvier ?

Édito | publié le : 01.10.2020 | Jean-Paul Coulange

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Et si la rentrée sociale avait lieu en janvier ?

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Les « gilets jaunes » de retour dans la rue le 12 septembre, la CGT battant le pavé le 17… En apparence un scénario identique à celui de 2019. Pourtant, cette rentrée ne ressemble à aucune autre, tant syndicats, patronat et exécutif semblent tétanisés à l’idée qu’une vague de licenciements déferle sur l’Hexagone, aussi dévastatrice sur le plan social que ne le serait la seconde vague épidémique sur le plan sanitaire. Le ministère du Travail recensait fin août un peu plus de 320 plans de sauvegarde de l’emploi engagés depuis le 1er mars, contre à peine 230 sur la même période l’an dernier, mais portant sur un nombre de suppressions d’emplois (environ 50 000) trois fois supérieur. Et le pire reste à venir. Certes, le Gouvernement a érigé deux digues successives pour contenir les licenciements. D’abord, l’activité partielle, qui concernait encore 1,3 million de salariés du secteur privé en août. Ensuite, le dispositif d’activité partielle de longue durée, qui devrait permettre aux entreprises en bonne santé relative de tenir un, voire deux ans. Au-delà, c’est l’effet du plan de relance de 100 milliards d’euros qui interpelle. Sur ce montant, trop rond pour ne pas être symbolique, 15 % des sommes promises visent à sauvegarder et à contribuer à créer 160 000 emplois à coups de subventions à l’embauche, d’investissement dans la formation et la montée en compétences, dans les transitions professionnelles… Vaste programme qui se donne, lui aussi, pour horizon l’année de la prochaine élection présidentielle. Mais d’ici là, il y aura d’autres chantiers à rouvrir. La réforme de l’assurance-chômage, repoussée aux calendes, qui visait à rendre le régime excédentaire en 2021, reviendra inéluctablement sur la table, avec un déficit estimé à plus de 25 milliards d’euros fin 2020 et une dette dépassant les 63 milliards. À ce niveau, la gestion paritaire de l’Unedic relève du pur effet d’optique tant la tutelle de l’État s’avère indispensable pour continuer à emprunter sur les marchés et à payer les allocations-chômage. Quant à l’autre Arlésienne, la réforme des retraites, que Jean Castex n’a pas enterrée, elle s’invitera inévitablement dans les discussions lorsque le déficit des régimes par répartition évalué à 30 milliards d’euros en fin d’année aura été réactualisé – sans doute à la hausse. On imagine qu’il sera autant question de rétablir l’équilibre financier que de transformer le système actuel en régime universel par points. Assurance-chômage, retraites, deux dossiers minés pour commencer l’année 2021. Et si la vraie rentrée sociale avait lieu, cette fois-ci, en janvier ?

Auteur

  • Jean-Paul Coulange