L’austérité salariale qui dure depuis 40 ans du fait de l’idéologie libérale « est une menace pour les démocraties », estime Patrick Artus. Dans son livre, le chef économiste de Natixis revient sur les raisons de « ce choix politique » de bloquer les rémunérations depuis les années 1980, qui continue de toucher la plupart des pays de l’OCDE. Cette austérité a été un moyen d’affaiblir « le pouvoir des syndicats », alors que les crises successives « ont favorisé le développement des rentes du capital au détriment des salariés ». Or, sans hausse constante des salaires, les entreprises n’augmentent pas leurs prix et l’inflation reste donc faible, explique l’auteur. Cela permet certes aux États de bénéficier de taux d’intérêt très bas pour maintenir des investissements. Mais, détaillant les dégâts de cette austérité (augmentation de la productivité ne bénéficiant pas aux salariés, déréglementation du marché du travail créant peu d’emplois, inégalités), Patrick Artus estime que la situation est devenue intenable, d’où la montée du populisme. Pour sortir du piège sans créer une crise de la dette, il avance l’idée d’une « hausse lente et progressive et des salaires et des taux d’intérêt ». Mais il en reconnaît lui-même la difficulté, car cela supposerait que l’économie reste « tranquille » pendant huit ans. Pas de solution miracle donc dans ce livre, hormis une incitation à ce que les États se préoccupent sérieusement « du partage des reve-nus » entre actionnaires et salariés.

Patrick Artus, Éd. Odile Jacob, 192 pages, 20,90 euros.