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Idées

Qui a peur de l’IA ?

Idées | Livres | publié le : 01.09.2020 | Frédéric Brillet

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Qui a peur de l’IA ?

Crédit photo Frédéric Brillet

Dans son livre, Cécile Dejoux décrypte les apports, les risques, mais aussi les limites de l’intelligence artificielle.

Prenant le contre-pied des postures anxiogènes qui se focalisent sur les dangers de l’intelligence artificielle (IA) sans en expliquer véritablement la nature, Cécile Dejoux, professeure spécialiste de l’IA au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), ne cesse de rassurer dans son ouvrage. De par le titre et le sous-titre qui enjoint le lecteur à « comprendre l’IA pour ne plus en avoir peur ». De par son contenu très pédagogique qui donne des exemples originaux d’utilisation et qui démystifie la chose. Actuellement, l’IA peut remplacer certaines tâches (c’est-à-dire les faire à la place de l’humain), assister (faire avec lui) et augmenter (faire à sa place), argumente-t-elle. C’est dans ce dernier bloc que se logeront les métiers du futur, à coconstruire. L’ouvrage se penche aussi sur les cobots, ou robots collaboratifs, utilisés dans les usines ou entrepôts pour aider à ranger, à porter, à organiser, à réaliser des tâches dans des environnements à risques en interagissant avec les humains. Reste que ces derniers devront monter en compétences pour être « IA compatible » et développer une nouvelle catégorie de soft skills ainsi que « des compétences de centrage (attention, gestion du temps, du stress…) pour demeurer employables ». Dans les RH, l’auteure relève que le recrutement sans CV à travers des outils d’IA permet d’éliminer les biais et de réduire la discrimination à l’embauche.

Mais quel sera, en définitive, l’impact sur l’emploi ? Alors que les études livrent des conclusions contradictoires, Cécile Dejoux se garde de trancher. Elle constate que de nouveaux métiers apparaissent (chef de projet chatbot, tailleur numérique…) et que des tâches – voire des métiers – disparaissent car assumés par des RPA (Robotic Process Automation) qui permettent d’automatiser des tâches répétitives à faible valeur ajoutée. Quoi qu’il en soit, il ne servira à rien de lutter contre l’IA. Bien au contraire, les professionnels concernés doivent s’en faire une alliée pour devenir plus compétents dans le conseil, l’expertise, la relation commerciale ou pédagogique. Qu’on se rassure, il restera cependant des domaines préservés et réservés à l’intelligence humaine : l’IA ne pourra jamais la remplacer sur la gestion de crise, la négociation, la prise en compte du politique dans les décisions. Et quand bien même l’IA fait mieux que l’humain, elle ne saurait se substituer à toutes les tâches où ses performances le dépassent. Favorable à l’IA, l’ouvrage ignore cependant les risques de dérives à la Big Brother, alors même que des outils sont déjà capables de suivre en permanence le niveau d’engagement des salariés.

Ce sera l’IA et moi.

Cécile Dejoux, Vuibert, 208 pages, 19 euros.

Auteur

  • Frédéric Brillet