Le télétravail a existé, sous forme expérimentale ou institutionnalisée, bien avant que le confinement récent ne le mette sous les projecteurs de l’actualité. Quelques entreprises se sont précipitées sur cette opportunité d’économiser des mètres carrés, ce qui était sans compter sur l’intelligence des salariés à qui il n’était pas besoin d’expliquer la raison de cette précipitation.

Les salariés en question ont d’ailleurs manifesté beaucoup plus de sagesse en ne réclamant, en moyenne, que deux jours de télétravail par semaine tant, ont-ils répété dans nos études1, le « présentiel » leur est indispensable, non seulement pour la convivialité mais aussi et surtout pour l’échange d’informations vivantes et spontanées. Mais à part cela, qu’avons-nous appris dont il serait bon de tirer des enseignements pour l’avenir ? La découverte ou la redécouverte de l’autonomie par les salariés et les difficultés du retour en travail présentiel.

Ce que les salariés ont apprécié dans le télétravail, c’est la capacité qui leur a été laissée de s’organiser comme ils le souhaitaient. Bien entendu, la vie de la plupart était rythmée par les « calls » ou les « visio ». Mais pour le reste ils ont pu définir à leur convenance les moments de travail, les articuler avec d’autres contraintes, familiales par exemple, sans que la performance de leur contri-bution n’en soit affectée. Les managers ayant cédé à la tentation du contrôle par la vérification des connexions ont vite renoncé à cette pratique qui, de fait, les privait d’une vraie relation de confiance avec leur équipe. Or c’est bien sur ce point que va se « jouer » la suite. Le télétravail a rapproché le management de proximité des équipes dont ils avaient la charge mais aussi de ceux qui sont restés en présentiel. L’enjeu est aujourd’hui le maintien de cette relation de confiance.

Le retour en travail présentiel est difficile et on s’en étonne ? Depuis des décennies les spécialistes en sciences sociales ont averti sur la dégradation constante des conditions du travail. On en voit aujourd’hui les conséquences dans la réticence des salariés à revenir à 100 % sur ce lieu qui n’a rien d’attirant, sur lequel la souffrance est bien présente. Ceci pose a minima la question d’une réorganisation des lieux phy-siques du travail, mais aussi et surtout de l’organisation quotidienne de ce travail engoncé dans des process inutiles et contraignants qui sont autant de messages de non-confiance.