Le fait est connu : la mondialisation exacerbe les problèmes de concurrence fiscale « faussée » des multinationales, qui pèsent sur le budget des États. Dans ce livre bref, Thierry Madiès, enseignant en économie politique à l’université de Fribourg et consultant à la Banque mondiale, en analyse les enjeux et les inégalités. S’agissant des baisses d’impôts sur les sociétés accordées par les États pour attirer les entreprises étrangères, il dresse un constat mitigé sur leur répercussion sur les salaires, citant le cas des États-Unis « où les travailleurs n’auraient pas bénéficié de ces réductions d’impôts, contrairement aux 1 % des ménages les plus riches qui en ont profité », avec des revenus dépendant davantage du capital. Un chapitre un peu ardu. Plus intéressant : les stratégies d’optimisation fiscale « agressive » des grands groupes, « aux frontières floues avec l’évasion fiscale », selon l’auteur. Il en décrit les mécanismes (transfert de bénéfices ou de dettes entre filiales pour payer moins d’impôts, sièges sociaux domiciliés dans des pays fiscalement intéressants). Un phénomène en augmentation avec « la numérisation de l’économie et les actifs intemporels », note Thierry Madiès, citant le cas des Gafam. Au total, ces stratégies des multinationales créent des pertes « fiscales très élevées pour les États », qui se chiffreraient entre 2,4 et 14 milliards d’euros, rien que pour la France. Des sommes astronomiques qui laissent songeur…

Thierry Madiès, La Découverte (collection repères), 128 pages, 10 euros.