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Bertrand Martinot : Libéral et fier de l’être

Actu | Eux | publié le : 01.06.2020 | Laurence Estival

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Bertrand Martinot : Libéral et fier de l’être

Crédit photo Laurence Estival

Avec son nouvel opus « Rebondir face au Covid-19 : l’enjeu du temps de travail », publié par l’Institut Montaigne, Bertrand Martinot ne s’est pas fait que des amis… « J’ai même reçu des injures et des menaces sur Facebook », raconte l’intéressé. Revendiquant la paternité de cette note dont le contenu a fait bondir les Robespierre de tous bords, il assume : « Le travail crée de la richesse et permet de lutter contre la pauvreté. On ne se sortira pas de la crise en le partageant ! » Ses recettes consistant à travailler plus pour redresser l’économie n’auraient-elles pas un parfum un peu trop « monde d’hier » ? « Les problèmes de demain sont les mêmes que ceux d’hier avec encore moins de moyens, compte tenu de la crise économique qui s’annonce », rétorque-t-il, citant pêle-mêle la question du pouvoir d’achat, des inégalités, de la transition écologique ou les débats sur les relocalisations de l’industrie tricolore. Seule concession à ses contradicteurs : le timing n’est pas forcément le meilleur. Comment en effet s’interroger sur la nécessité d’accroître la durée du temps de travail quand les entreprises s’inquiètent de l’évolution de leurs carnets de commandes en cette période inédite où l’enjeu n’est pas d’accélérer, mais de se remettre tout simplement en marche ? « De toutes les façons, ce n’est jamais le bon moment pour parler des sujets qui fâchent », soupire-t-il. De plus, selon lui, tous ceux qui sont prêts aujourd’hui à l’envoyer à l’échafaud n’auraient pas pris la peine de lire sa note jusqu’au bout : « Les lecteurs ont retenu ma proposition d’allonger la durée du travail, la suppression de jours fériés et des RTT. Mais peu ont mentionné que ces transformations, dont certaines devraient être temporaires, étaient conditionnées à un accord des partenaires sociaux. »

La polémique, d’ailleurs, ne déplaît pas à Bertrand Martinot qui revendique un côté poil à gratter, mais sans dépasser la ligne rouge. « Si j’avais voulu faire de la provocation, j’aurais proposé de rendre obligatoire le travail à partir de 12 ans, sourit-il. Je suis un libéral, mais libéral dans la lignée de Raymond Aron ou de Joseph Schumpeter. » Il partage d’ailleurs avec l’économiste « hérétique » ses constats sur l’évolution du capitalisme et son concept de « destruction créative ». Inquiet sur la capacité de l’État à limiter son interventionnisme et à profiter de la crise pour se réformer, ce haut fonctionnaire a aujourd’hui choisi de déserter l’administration : « C’est parce que j’en connais bien les rouages que je connais aussi ses forces et ses limites », lance-t-il, pour expliquer sa décision de rejoindre en juin 2019 le cabinet SIACI Saint-Honoré. « Je vais conseiller les entreprises en matière de formation. C’est un moyen pour moi d’avoir beaucoup de liberté et d’innover », promet l’ancien délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle, toujours prêt à ferrailler sur ses terrains favoris, quitte à mettre le feu aux poudres…

Bertrand Martinot Directeur du conseil en formation et développement des compétences chez SCIACI Saint-Honoré.

1996

Sortie de l’ENA et débuts professionnels au ministère des Finances.

2007

Conseiller social de Nicolas Sarkozy à l’Élysée.

2008

Délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle.

2014

Directeur général adjoint des services en charge du développement économique, de l’emploi et de la formation au conseil régional d’Île-de-France.

2019

Arrivée chez SCIACI Saint-Honoré.

Auteur

  • Laurence Estival