En février dernier s’est ouvert à Madrid le procès de l’amiante. Et plus précisément le procès de plusieurs dirigeants de Métro Madrid, accusés d’homicide involontaire. À l’heure où se tient ce procès, cinq employés ou ex-employés du réseau de transport sont déjà morts. D’autres sont malades. Et tous sont ou étaient persuadés d’une chose : la direction savait. Alors que l’utilisation d’amiante est formellement interdite depuis 2001 en Europe, les dirigeants du métro n’ont rien fait pour « nettoyer » le matériel roulant de l’entreprise… Et pire encore : ils auraient sciemment caché à leurs employés les risques qu’ils encouraient. En 2003, le Métro de Madrid a en effet réalisé un inventaire sur l’ensemble de son réseau et détecté la présence du matériau nocif sur ses installations. Mais les résultats de cette étude n’ont jamais été communiqués aux salariés de l’entreprise publique et rien n’a été entrepris afin de les protéger des risques pour leur santé. Deux ans après que Métro Madrid a vendu plusieurs lots de wagon amiantés à l’Argentine (sans prévenir son partenaire commercial, il va de soi), les salariés mettent le sujet sur le tapis : nous sommes en 2013 et la direction du Métro admet enfin la présence du matériau nocif… tout en rassurant ses troupes, à qui elle prétend qu’elles ne risquent rien ! Il faudra attendre qu’un premier employé du métro tombe malade, en 2017, pour que l’entreprise informe enfin ses salariés des risques liés à leur exposition. Aujourd’hui, les sept prévenus encourent jusqu’à cinq ans de prison ferme.

Source : El Pais.