Bien au-delà d'une nouvelle mode, c'est un véritable raz de marée qui s'annonce sur le marché de la formation. Depuis un an déjà, études, colloques et ouvrages se succèdent qui s'attachent à décortiquer l'ampleur du phénomène e-learning, venu tout droit des États-Unis. Outre-Atlantique, les entreprises se sont d'autant plus vite converties à la formation sur Internet et intranet qu'elles y ont vu miroiter de substantielles économies. C'est du moins l'argument avancé par les multiples prestataires qui se bousculent depuis quelques mois sur le marché français. Très rapidement, la concurrence a fait rage entre éditeurs de plates-formes, portails spécialisés, fournisseurs de contenu, intégrateurs de solutions et cabinets-conseils, pour la plupart nouveaux venus sur le marché de la formation.
Mais les acteurs traditionnels du secteur, les Cegos, Demos et autres Conservatoire national des arts et métiers, ainsi que les grandes écoles et les universités, n'ont pas dit leur dernier mot. Partis avec un train de retard, ils s'appuient sur leur notoriété et leur expertise reconnue en matière d'enseignement et de contenu de formation, et profitent des premières expériences ratées de leurs nouveaux confrères. Des alliances entre « anciens » et « nouveaux » commencent d'ailleurs à se nouer, augurant d'une nouvelle configuration du secteur.
Pour les entreprises, il n'y a que l'embarras du choix. Mais, avant de se lancer dans l'aventure, elles doivent savoir que l'e-learning bouleverse les règles du jeu de la formation. Les projets nécessitent de lourds investissements et impliquent des prises de décision au niveau des directions générales. Au lieu de négocier avec les responsables de formation, les prestataires s'adressent donc directement à l'échelon supérieur. Comme l'un des objectifs des plates-formes est d'optimiser la gestion en automatisant l'organisation des sessions, l'envoi des convocations ou le calcul des heures de formation, le personnel administratif des services de formation est dépossédé de son rôle traditionnel. Quant aux formateurs, ils n'échappent pas non plus à une remise en question. Il leur reste à inventer une nouvelle manière d'enseigner, en s'appuyant sur les très nombreuses fonctionnalités offertes par les nouvelles technologies. La révolution e-learning ne fait que commencer…