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« La confiance, c’est le carburant de l’interculturel »

Dossier | publié le : 01.02.2020 | Laurence Estival

Comment expliquer que le thème du management interculturel soit moins présent dans les discours aujourd’hui qu’il y a une dizaine d’années ? La faute à la mondialisation qui a aplati le monde ?

Hervé Borensztejn : Il y a d’abord une meilleure connaissance de ces questions. Nombre de salariés ont l’habitude de travailler avec des personnes d’autres cultures, et c’est encore plus vrai chez les jeunes. Par ailleurs, la façon d’appréhender l’interculturel s’est élargie. Dans les entreprises, on parle aujourd’hui davantage de diversité, un thème qui englobe celle des cultures nationales mais qui va plus loin. Parallèlement, les employeurs ont cherché à rationaliser les organisations en élaborant des process qui tendent, non pas à comprendre l’autre – elles reconnaissent qu’il y a des différences –, mais à voir comment faire en sorte que tout le monde travaille ensemble. Nous sommes actuellement dans une nouvelle étape avec la mise en avant du thème de l’entreprise inclusive. Les organisations n’essaient plus de gérer les différences, elles font avec.

Comment s’y prennent-elles ?

H. B. : Elles cherchent à mettre en place des collectifs soudés autour de missions qui donnent du sens. Les débats sur la raison d’être dépassent le cas de la France. Les entreprises entendent ainsi impulser une dynamique qui est censée prendre le pas et permettre d’atteindre des résultats à court terme. Et ce qui devient important, ce sont les comportements à développer pour y arriver. Elles sont passées d’une logique centrée sur le savoir-faire à une logique axée sur le savoir-être.

Qu’est-ce que ce changement d’approche signifie pour les individus ?

H. B. : Les organisations parlent aujourd’hui de management « bienveillant ». Celui-ci se pratique plus au quotidien que de manière incantatoire. C’est la culture du feed-back qui consiste à être davantage attentif à l’autre, un management de proximité montrant que l’on sait écouter, comprendre, être tolérant. Mais, et c’est tout le paradoxe, trop d’entreprises considèrent que la recherche de résultats à court terme reste l’objectif prioritaire. Elles incitent, de ce fait, chacun à adopter un comportement de mercenaire alors que ce qui compte, c’est de trouver la manière de travailler ensemble. L’accompagnement des dirigeants pour créer de la confiance est indispensable car la confiance, c’est le carburant de l’interculturel.

Auteur

  • Laurence Estival