Depuis le 1^er janvier 2019 et l’entrée en vigueur des premières mesures de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, les conditions de conclusion et d’exécution des contrats d’apprentissages ont été assouplies. Jadis réservée aux moins de 25 ans, la filière est accessible jusqu’à 29 ans révolus. Les contrats ne sont plus d’une durée minimum d’un an mais de six mois, leur rupture facilitée et les périodes à l’étranger possibles sous conditions. Un changement dans les pratiques qui explique en partie le boom de l’apprentissage l’an dernier (+ 8,4 % de contrats signés au premier semestre par rapport à 2018) mais qui semble également avoir des effets pervers… En effet, les nouveaux apprentis ont de moins en moins le profil visé par cette voie, censée favoriser l’intégration sur le marché du travail des jeunes les moins qualifiés. Si l’apprentissage est devenu tendance, c’est d’abord auprès des étudiants du supérieur, ravis de pouvoir se former tout en finançant leurs études, avant d’être embauchés (c’est le cas pour un tiers d’entre eux au terme de leur contrat) par l’entreprise les ayant accueillis en alternance. Un engouement particulièrement marqué chez les élèves des grandes écoles (de commerce ou d’ingénieur) dans lesquelles l’effectif d’alternants est passé de 24 823 en 2016/2017 à 31 000 en 2018/2019. Alors que le nombre d’apprentis à bac + 2 et plus a crû de 9 %, la hausse est à peine de 2 % pour les élèves de niveaux bac, BP et CAP, qui étaient la cible prioritaire. Autre incidence : la hausse de la limite d’âge, qui a notamment entraîné une augmentation de 51 % du nombre d’apprentis de plus de 26 ans dans le secteur de l’artisanat depuis le 1^er janvier 2019. Ce boom est donc à surveiller de près. Car le risque qu’une montée en gamme de la filière finisse par priver les apprentis de « 2^e classe » de débouchés professionnels semble réel.