Que l’on ne s’y trompe pas : l’ouvrage n’est pas une tribune contre le Gouvernement en place mais un essai qui décrypte minutieusement comment le pouvoir n’a d’autre recours qu’un excès d’autorité.

Romaric Godin illustre chacune de ses idées, tout le livre est extrêmement documenté. À commencer par le premier chapitre, toutefois un brin fastidieux. Accrochez-vous, car il est indispensable pour comprendre la situation sociale actuelle en France, qui trouve ses racines dans la vision économique d’Emmanuel Macron.

Connaissez-vous la différence entre libéralisme, ultralibéralisme et néolibéralisme ? Si la réponse est négative, c’est normal. Toute la communication du Gouvernement est faite pour brouiller les pistes. Dans ses discours, il entretient savamment la confusion. Les néolibéraux auraient une vision neutre et pragmatique de l’économie alors que les ultralibéraux défendraient des visions partisanes et idéologiques. Pour les néolibéraux, seules existent les « lois de l’économie », auxquelles il faudrait se soumettre.

Mais, comme vous le pressentez, c’est plus compliqué. « Depuis des décennies, la pensée néolibérale française mène une guerre larvée contre le modèle social de l’après-guerre. La résistance d’une population refusant des politiques en faveur du capital a abouti à un modèle mixte, intégrant des éléments néolibéraux plus modérés qu’ailleurs, et au maintien de plus en plus précaire d’un compromis social. »

Vous commencez à imaginer la suite… En défendant l’idée d’une transformation néolibérale radicale du modèle économique, le programme du président de la République conduit à un inévitable conflit avec une population opposée à une telle évolution.

Incapable de construire une majorité autour de ce projet, le pouvoir n’a d’autre solution que de durcir la démocratie par un excès d’autorité permanent. CQFD.

Romaric Godin, La Découverte, 248 pages, 18 euros.