Made in Bangladesh, trois mots qui apparaissent trop souvent sur les étiquettes de nos jeans. Le film éponyme plonge les spectateurs dans l’envers – ou plutôt l’enfer – des ateliers du deuxième pays exportateur mondial de vêtements. Quotidien épuisant, salaires dérisoires, problèmes de dos, normes de sécurité inexistantes, cadences infernales… Au sein d’une usine textile de Dacca, Shimu coud à la chaîne, courbée sur sa machine et sous le regard inquisiteur d’un contremaître, dans des conditions indignes. Quand une journaliste veut l’interroger après un incendie qui a ravagé son atelier et dans lequel ont péri plusieurs de ses collègues, cette ouvrière va découvrir qu’il existe dans son pays un droit du travail et des femmes prêtes à l’aider pour le faire respecter. Malgré la peur de perdre son emploi et la crainte des représailles de son mari, au chômage, qui compte sur son salaire, elle décide avec d’autres travailleuses exploitées de monter un syndicat. Derrière le destin de cette héroïne, la cinéaste dessine le portrait d’un groupe de femmes unies contre l’oppression sociale et sexuelle imposée par une société patriarcale peu encline à leur laisser la parole. « Nous sommes des femmes. Fichues si on est mariées, fichues si on ne l’est pas », clament-elles. Fruit de trois ans de recherches et tourné en plein cœur d’un quartier pauvre de Dacca, ce long-métrage est d’ailleurs inspiré de l’histoire d’une syndicaliste maltraitée et prisonnière d’un mariage forcé. C’est pour donner un nom et un visage à ces travailleuses anonymes que la cinéaste a concrétisé ce film, à la fois réaliste et romanesque, mais aussi pour sensibiliser le public occidental aux conditions de production des vêtements à bas prix et inciter à consommer éthique.

. Film de Rubaiyat Hossain (1 h 30), en salle le 4 décembre.