Connu pour ses travaux sur la transition écologique, l’économiste Éloi Laurent pose dans ce livre les bases de sa réflexion, invitant les politiques à changer de paradigme. Crise des inégalités, urgence climatique, bien-être de la population… pour remédier aux maux du xxi^e siècle, l’auteur défend l’idée « que l’ensemble de l’activité économique doit être réorienté vers le bien-être des personnes, la résilience et la soutenabilité des sociétés ». Ce qui, selon lui, suppose que les dirigeants cessent d’être obsédés par « l’illusion de la croissance ». Son livre démarre sur une critique nourrie du PIB, indicateur qu’il juge « faussé » et obsolète, « aveugle au bien-être humain, sourd à la souffrance sociale et muet sur l’état de la planète ». En quatre volets, sur les plans mondial, européen, national et local, l’économiste de l’OFCE appelle les États et les élus à basculer vers une transition durable, citant un modèle d’indicateurs conjuguant santé, égalité sociale, revenus ou ressources naturelles, qui pourrait devenir le poumon central de l’économie. Le livre passe un peu vite sur la question du chômage (mieux vaudrait raisonner « en termes d’inégalités » et « de répartition » qu’en taux d’emploi, estime-il). Mais Éloi Laurent interpelle à la marge les entreprises, fustigeant notamment la RSE « aisément manipulable » et suggérant d’autres évaluations sur « la justice environnementale » ou sur les risques sanitaires. Un canevas imparfait, mais brillant.

Éloi Laurent, Les liens qui libèrent, 208 pages, 15,50 euros.