Éric Singler : L’approche nudge est très efficace, car elle s’appuie sur les moteurs du comportement humain mis en lumière par les recherches en sciences comportementales. Notamment celles de Richard Thaler, qui a reçu le prix Nobel d’économie en 2017. Le nudge management permet de créer un environnement propice à l’adoption de comportements bénéfiques pour l’individu et pour l’organisation. Il permet d’accroître l’engagement collectif des collaborateurs, leur bien-être et, en définitive, la performance de l’entreprise. Il ne s’agit pas d’une manipulation mais de créer un système global (environnement psychologique, physique et process) qui incite, qui facilite et qui encourage les bonnes décisions, sans jamais les imposer. Certains comportements souhaités ne sont pas forcément naturels. La première étape est de comprendre quels sont les freins : pourquoi les process de sécurité qui visent à éviter les accidents du travail ne sont pas suivis, par exemple…
E. S. : Le nudge management peut être utilisé pour les principaux enjeux comportementaux dans l’entreprise : accompagner les plans de transformation, renforcer la coopération et l’innovation, accélérer l’égalité hommes-femmes. Ou, justement, être employé en matière de sécurité au travail, lorsque l’entreprise a mis en place des process et de la formation mais que les accidents du travail perdurent. On peut créer de la saillance en faisant appel à la dimension psychologique, par exemple, par un sticker qui interpelle en disant « papa/maman, pense à ton casque » ou en identifiant des zones de danger par de la lumière rouge, afin d’attirer l’attention des salariés au bon moment.
E. S. : La pratique du nudge management est encore récente mais elle se développe très rapidement. De plus en plus de grands groupes commencent à l’utiliser, en complément d’autres démarches, dans un souci d’efficacité, renforcée par l’engagement de chacun.