Piketty est de retour et c’est du lourd (1 232 pages) ! Six ans après son best-seller « Le Capital au xxi^e siècle », vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires, l’économiste récemment élu président d’Ecineq, une société savante destinée à lutter contre les inégalités, publie « Capital et idéologie ».

Sans surprise, il revient sur sa thèse, la dynamique des inégalités, en analysant le phénomène depuis le xviii^e siècle. Son obsession (« Pourquoi des personnes ayant des revenus similaires votent différemment ? ») y tient également une place prépondérante. Il explique, avec beaucoup de pédagogie, comment les défavorisés en sont venus à voter pour les partis aux opinions les plus extrêmes. Le volet le plus intéressant est le dernier, où il propose des pistes de réflexion pour lutter contre les inégalités. Ses solutions sont issues d’un inventaire complet des politiques européennes, nord-américaines et chinoises, qu’il a analysées. Thomas Piketty prône davantage de cogestion entre salariés et employeurs dans les entreprises, une fiscalité progressive à taux élevé proche de celle qui existait dans les années 1980, la distribution des recettes (le cas échéant) sous forme de dotation en capital, un système éducatif doté de moyens… Rien de très nouveau donc, si ce n’est que tout y est expliqué, documenté, argumenté à l’aune d’analyses historiques et géographiques. Les éditions du Seuil, disent du travail de l’économiste qu’il est d’une ampleur et d’une profondeur inédites. Nous confirmons.

Thomas Piketty, Seuil, 1232 pages, 25 euros.