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Édito

Le retour des alter

Édito | publié le : 01.11.2019 | Jean-Paul Coulange

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Le retour des alter

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Histoire étant un éternel recommencement, l’irruption des militants de la cause écologique à Paris comme dans d’autres grandes capitales mondiales a comme un air de déjà-vu. Souvenons-nous – c’était en 2001 – du premier Forum social mondial de Porto Allegre, au Brésil, qui avait regroupé une quarantaine d’associations et d’ONG, et rassemblé des dizaines de milliers de manifestants alternatifs. Des rangs qui n’ont cessé de grossir chaque année. Derrière un slogan unique, « Un autre monde est possible », et une remise en cause du caractère néolibéral de la mondialisation, s’agrégeaient alors, dans chaque pays, des revendications très éclectiques autour de la réduction des inégalités, des excès de la finance, de la défense des services publics, de celle des chômeurs et des exclus, des droits des femmes… Aujourd’hui, le combat des alter s’est clairement recentré sur le climat, mais on retrouve les mêmes modes d’action, des sit-in aux occupations sauvages en passant par des opérations commandos, relayées au départ sur Internet et qui, désormais, mobilisent depuis les réseaux sociaux.

Déjà, à l’époque, les collectifs et groupes alters, à l’instar d’Extension Rebellion depuis 2018, doublaient les ONG sur leur gauche. Lesquelles, surtout les anglo-saxonnes, jugeaient plus efficace de nouer des partenariats avec les grandes sociétés internationales qui se sont multipliées depuis. Mais ce qui a changé dans le mouvement sociétal que nous connaissons aujourd’hui, c’est l’attitude des entreprises. Outre le fait qu’elles s’accommodent parfois – quand elles ne les approuvent pas – des absences de leurs collaborateurs lors des Fridays for future, les grandes manifestations du vendredi contre le dérèglement climatique qui ont démarré fin septembre, elles ne se contentent plus de regarder le monde s’agiter autour d’elles. Leurs politiques de RSE explorent, désormais, toutes les facettes du développement durable. Certes, les lois, les directives, les normes telle ISO 26000, les classements des agences de notation extrafinancière, et, au-delà, la vigilance des consommateurs et le regard de leurs salariés les y contraignent. Mais, alors que la classe politique s’est globalement montrée hostile à l’activiste Greta Thunberg, ce sont Emmanuel Faber et les dix-huit patrons des géants de l’agroalimentaire, signataires du One Planet Business for Biodiversity, qui ont tendu la main à la jeune Suédoise, avec leur engagement pour la défense de la biodiversité végétale. On est bien loin du boycott des produits Danone en 2001, largement relayé par les mouvements alter…

Auteur

  • Jean-Paul Coulange