La Dares (direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques) a interrogé 20 000 salariés sur la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, à travers le prisme des reproches qu’ils subissent de la part de leur entourage. Sans surprise, ce sont les personnes travaillant de nuit ou en horaires décalés qui s’attirent le plus de remarques acerbes de leur moitié, et ce sont les employés à temps partiel à qui l’on fiche plus fréquemment la paix. À caractéristiques identiques – situation personnelle et professionnelle, conditions de travail, etc. –, les femmes reçoivent nettement plus de reproches que les hommes, surtout quand elles ont des enfants de moins de 18 ans. Selon l’enquête, les mères d’enfants en bas âge ont ainsi 20 % de probabilité de plus que les pères (de même statut professionnel) d’être réprimandées pour leur manque de disponibilité. Et c’est d’autant plus problématique que l’exposition aux reproches multiplie par deux le risque de syndrome dépressif pour les femmes, alors qu’elle n’a pas d’influence chez les hommes. La faute à des « représentations sexuées persistantes », analysent les auteurs de l’étude, avec des mères de famille que l’on continue à estimer responsables des tâches ménagères et parentales, et qui sont donc bien plus promptes que leurs conjoints à culpabiliser, ou à être culpabilisées, lorsqu’elles consacrent trop de temps à leur travail. On ne s’étonnera donc pas que 41 % des femmes (contre 29 % des hommes) subissant des reproches de leur entourage signalent un état de santé altéré, avec des troubles du sommeil courants (pour près de la moitié d’entre elles). Preuve s’il en fallait que la charge mentale pèse autant sur la qualité de vie au travail que sur la qualité de vie tout court. Et qu’il est plus que temps de faire évoluer nos mentalités.