Pour améliorer ses process de recrutement, Pileje sensibilise depuis 2017 ses managers aux discriminations.
Les seniors seraient moins réactifs, les femmes moins disponibles, les personnes handicapées plus souvent en arrêt… Pour casser ces stéréotypes, le laboratoire pharmaceutique Pileje a sensibilisé, depuis 2017, une centaine de managers au sujet des discriminations. « C’est fondamental de former les managers car ce sont eux qui recrutent et qui accompagnent les salariés au quotidien. Même involontairement, s’ils ne maîtrisent pas le sujet, ils risquent de commettre des discriminations dans la gestion des carrières de leurs collaborateurs. Ils peuvent exclure les seniors des programmes de formation en se disant qu’ils partiront bientôt à la retraite ou accorder plus souvent des augmentations salariales aux hommes, qui osent davantage demander », estime Séverine Reboullet, consultante experte en ressources humaines au sein du cabinet Ayming. Cette initiative a vu le jour sous l’impulsion de la loi égalité et citoyenneté de 2017, qui oblige les grandes entreprises à former leurs recruteurs à la non-discrimination à l’embauche. « Certains managers posent naïvement des questions liées à l’âge, au lieu d’habitation, ou à la situation familiale, qui n’ont pas lieu d’être lors d’un entretien. Le risque est de voir des candidats non retenus pour un poste attaquer l’entreprise pour discrimination à l’embauche. En leur délivrant les bonnes pratiques, cette formation protège le manager et l’entreprise d’éventuelles poursuites », explique Cécile Paris, DRH de Pileje. Dispensée en présentiel et en e-learning, cette formation balaie les 25 critères de discrimination, les risques, les sanctions encourues, les réflexes à adopter pour une lutte efficace… Ensuite, des ateliers permettent de se confronter à des cas pratiques sur différentes thématiques : conduire un entretien de recrutement, définir les besoins réels du poste de travail, étudier les candidatures en se débarrassant de ses préjugés… « Lorsqu’on parle de discriminations, on pense aux évidences comme ne pas recruter une personne en raison de sa couleur de peau. Or, les discriminations peuvent aussi s’exprimer indirectement, par exemple en recherchant des candidats qui sortent de telle école ou qui parlent trois langues. On alerte les managers sur le fait qu’ils peuvent eux-mêmes discriminer sans s’en rendre compte et on les pousse à identifier leurs propres stéréotypes et préjugés pour ensuite mieux les déconstruire », indique Séverine Reboullet. En plus de répondre aux obligations légales, cette sensibilisation est l’opportunité pour Pileje de s’ouvrir à de nouveaux profils de candidats.