Si la prochaine réforme des retraites pourrait inciter les salariés à travailler plus longtemps, encore faut-il, pour atteindre ce résultat, s’interroger sur l’accès des 45-50 ans à la formation, selon Jean-Marie Luttringer, consultant en politique de formation professionnelle.
Jean-Marie Luttringer : La France est l’un des pays où le taux d’accès des seniors à la formation professionnelle est au plus bas. Or, si la mise en place d’un système de retraite à points devrait encourager les salariés à retarder leur départ à la retraite, il faut parallèlement permettre à ces derniers d’actualiser leurs compétences ou de se reconvertir pour répondre à la demande des entreprises. Investir dans leur formation est d’autant plus nécessaire qu’à 45-50 ans, ils ont encore entre quinze et vingt ans de vie professionnelle. La difficulté est que la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel a prévu des dispositifs spécifiques pour rapprocher les salariés les plus en difficulté de l’emploi à travers le plan d’investissement dans les compétences, elle a également réformé le système d’apprentissage pour aider les jeunes à accéder à l’emploi ; mais elle n’a rien prévu pour les plus de 45 ans.
J.-M. L. : Le CPF ne va pas permettre d’acquérir de nouvelles compétences, car son montant est limité – sauf à être abondé par l’entreprise. Le CPF de transition, lui, risque d’être sous-financé. Il faut créer les conditions, notamment financières, qui vont permettre aux seniors de se former.
J.-M. L. : Pourquoi ne pas autoriser le déblocage du compte épargne temps à des fins de formation ? Pourquoi pas, aussi, offrir la possibilité de prendre l’équivalent de plusieurs mois, voire d’une année de retraite par anticipation, pour se former tout en conservant ses revenus ? Cette question de la formation des seniors n’était pas dans le débat public. La réforme des retraites l’y remet.