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« Repenser l’accès à la formation des 45-50 ans »

Le journal des RH | Formation | publié le : 01.09.2019 | Laurence Estival

Si la prochaine réforme des retraites pourrait inciter les salariés à travailler plus longtemps, encore faut-il, pour atteindre ce résultat, s’interroger sur l’accès des 45-50 ans à la formation, selon Jean-Marie Luttringer, consultant en politique de formation professionnelle.

Dans deux de vos chroniques récentes1, vous soulignez la contradiction entre la prochaine réforme des retraites et l’absence de dispositifs particuliers pour faciliter l’accès des seniors à la formation, afin de rester dans l’emploi…

Jean-Marie Luttringer : La France est l’un des pays où le taux d’accès des seniors à la formation professionnelle est au plus bas. Or, si la mise en place d’un système de retraite à points devrait encourager les salariés à retarder leur départ à la retraite, il faut parallèlement permettre à ces derniers d’actualiser leurs compétences ou de se reconvertir pour répondre à la demande des entreprises. Investir dans leur formation est d’autant plus nécessaire qu’à 45-50 ans, ils ont encore entre quinze et vingt ans de vie professionnelle. La difficulté est que la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel a prévu des dispositifs spécifiques pour rapprocher les salariés les plus en difficulté de l’emploi à travers le plan d’investissement dans les compétences, elle a également réformé le système d’apprentissage pour aider les jeunes à accéder à l’emploi ; mais elle n’a rien prévu pour les plus de 45 ans.

Mais les seniors peuvent, comme l’ensemble des salariés, bénéficier du compte personnel de formation (CPF), voire du CPF de transition pour ceux qui projettent de se reconvertir. Ces dispositifs ne sont-ils pas adaptés ?

J.-M. L. : Le CPF ne va pas permettre d’acquérir de nouvelles compétences, car son montant est limité – sauf à être abondé par l’entreprise. Le CPF de transition, lui, risque d’être sous-financé. Il faut créer les conditions, notamment financières, qui vont permettre aux seniors de se former.

Quels outils pourraient être mobilisés ?

J.-M. L. : Pourquoi ne pas autoriser le déblocage du compte épargne temps à des fins de formation ? Pourquoi pas, aussi, offrir la possibilité de prendre l’équivalent de plusieurs mois, voire d’une année de retraite par anticipation, pour se former tout en conservant ses revenus ? Cette question de la formation des seniors n’était pas dans le débat public. La réforme des retraites l’y remet.

Auteur

  • Laurence Estival