C’est la rentrée, le retour des marronniers. Pas ceux de nos cours d’école, ceux qui alimentent la presse. L’heure n’est plus aux régimes d’été, voici la rentrée sociale – forcément périlleuse –, la rentrée littéraire – de plus en plus fournie –, la rentrée scolaire – pleine de bonnes résolutions.
La rentrée sociale sera tout spécialement scrutée cette année, avec une réforme des retraites particulièrement ambitieuse mais risquée, aussi, si l’exécutif cédait à deux écueils : négliger la méthode en « brusquant » les interlocuteurs légitimes que sont les partenaires sociaux et brouiller le sens de la réforme en y mêlant des mesures de rendement à court terme qui en dénaturent la finalité. Le travail remarquable effectué par la mission Delevoye prépare bien le terrain, mais l’épisode que l’on vient de vivre sur l’assurance-chômage montre que la faute de carre est possible… Avec cette fois des conséquences sans commune mesure : la retraite concerne tout le monde, quand l’indemnisation du chômage – il n’y a pas lieu de s’en réjouir – indiffère beaucoup de nos concitoyens.
Une autre rentrée s’impose de plus en plus : la rentrée dans l’atmosphère, ou plutôt celle de l’atmosphère dans nos priorités. Enfin ! Là il faut se réjouir, et saluer cette jeunesse qui lève l’étendard de la lutte pour notre planète. Il reste que la courbe du réchauffement climatique va plus vite que celle de nos efforts pour la ralentir. Pire, Trump nous montre que l’on peut faire machine arrière. Chez nous aussi, la séquence « gilets jaunes » a montré la fragilité de l’acceptabilité de ces efforts dès lors qu’ils ne sont pas perçus comme équitables et supportables.
Cette prise de conscience citoyenne doit trouver son écho dans les entreprises. Il y a là un nouvel espace d’action et de responsabilité qui dépasse le « marketing vert » (où l’on se perd un peu, avouons-le, entre les produits « éco-bio-responsables-naturels-éthiques »). C’est une transformation profonde qui est à l’œuvre, impactant autant les finalités de l’entreprise et les attentes des clients, que les modes de fabrication eux-mêmes et les aspirations des salariés. Le management comme les RH devront investir plus fortement ce terrain plein d’une belle énergie positive. Un bon moyen de renforcer la cohésion et la fierté dans les équipes, et de réunir autour de la raison d’être de son entreprise !
Une autre révolution nous bouscule, mais, celle-là, rien ne semble pouvoir l’arrêter : la digitalisation ! Elle bouleverse tous les business models d’entreprise comme nos vies quotidiennes, et devient synonyme de changement des métiers et des organisations, au point que le management des transformations de l’entreprise devient le management de sa digitalisation. Les DRH – qui ont un rôle central dans la conduite de ces transformations, pour en garantir la dimension humaine – doivent absolument s’emparer du sujet qui ne devrait pas être laissé au pilotage des DSI : le digital devient un « cœur de métier ».
Les relations de ces deux mutations – écologique et digitale – doivent nous intéresser. Tantôt convergentes – pilotage plus efficace des systèmes énergétiques, smart city, outils de télétravail qui limitent les déplacements, plateformes de covoiturage, forêts épargnées par le « zéro papier » –, tantôt divergentes – empreinte énergétique colossale (le net représenterait déjà 7 % de la consommation mondiale d’électricité), et lourdes questions touchant à nos libertés individuelles (dérives des réseaux sociaux, contrôles de nos vies par les data, addiction à l’hyperconnexion) : de beaux sujets si nous voulons garder la maîtrise !
