Cette start-up compte dans ses équipes des polytechniciens et des professionnels de terrain. Convaincue que la diversité des profils fait sa force, Everoad a élaboré une gestion humaine adaptée – et sans concessions.
« Je ne savais pas qu’il avait fait HEC et les Ponts et Chaussées ! » s’exclame Lilian Pinchelingat, directeur transport de l’unité qui gère « l’entrée du business jusqu’à la facturation » pour les clients de Everoad, une start-up de mise en relation d’expéditeurs et de transporteurs, lancée en 2016. Ce jeune homme de 31 ans, qui a fait ses classes dans une entreprise internationale de logistique industrielle et qui a intégré Everoad il y a quelques mois, parle de son n + 1, Paul-Louis Caylar, 37 ans, directeur général de la start-up. Dans l’entreprise, logée dans un ancien théâtre près de Barbès, « on parle très peu des diplômes », dit-il. Pas question, pour les 85 salariés, de fonctionner avec un système de « castes », liées au parcours universitaire, au lieu d’habitation, au niveau d’anglais ou au milieu social. « Ce qui m’importe, c’est ce qu’une personne va m’apporter. Nous sommes tous très complémentaires et personne n’a de complexe ici », ajoute Lilian Pinchelingat. Dans la kitchenette où chacun déjeune et même cuisine, on discute de foot et d’opéra. Ancien plus jeune partner dans un cabinet de conseil international, Paul-Louis Caylar a commencé sa carrière dans une entreprise « où il y avait moins de diversité de profils et de parcours. Ici, le mélange est intéressant entre des gens de terrain qui peuvent tout de suite détecter des problèmes et des profils susceptibles de s’emparer de sujets plus conceptuels. L’union des deux marche bien, mais c’est aussi parce que l’on a un cadre et des valeurs », conclut-il.
Cette vision de l’entreprise est le fruit d’une réflexion menée de longue date par Maxime Legardez (32 ans), président et fondateur de Everoad. Certes, la mise en pratique est facilitée par la taille de l’entreprise, mais aussi par la variété des métiers, qui vont du développement digital à la gestion de données, en passant par la relation client et par l’activité de transports. Un mélange d’ingénieurs de Centrale ou d’Epitech, de jeunes sortis d’écoles de commerce, mais aussi de non-diplômés et de professionnels issus d’un monde « de gros bras », sans oublier des jeunes venus de l’École 42. « Je suis intraitable sur la cohésion et sur le respect de chacun », insiste Maxime Legardez, qui a licencié illico un salarié après une remarque désobligeante envers un autre…
Cette culture du partage et du respect mutuel, de la compréhension réciproque et de la fierté de transformer, s’appuie non seulement sur des valeurs, exprimées en anglais – People first, User obsession, Boldness, All owners et We deliver – et placardées partout, mais aussi sur des process bien rodés. À commencer par le recrutement. « Les meilleurs peuvent venir de partout. Nous cherchons donc des profils variés, car la diversité est une richesse. » Si entre la diversité et l’excellence, c’est toujours l’excellence qui primera, Maxime Legardez va bientôt mettre en place une formation pour ses managers sur les biais inconscients, qui nous font privilégier ceux qui nous ressemblent ou avoir des préjugés au lieu d’être ouverts d’esprit…
Un même soin est porté au management. « Je travaille beaucoup avec mes managers sur le développement personnel », indique Maxime Legardez. Environ une demi-heure par semaine, il évoque, de façon ouverte, les problèmes de tous ordres, y compris personnels, qu’ils peuvent rencontrer. Il organise également des réunions rapides avec les équipes tous les lundis matin où il joue la transparence sur les chiffres et sur les projets. De même, des rencontres avec des médaillés olympiques ou des spécialistes, comme ceux du GIGN, permettent aux salariés de s’engager sur des valeurs et de réfléchir sur eux-mêmes.
Le but de ces initiatives est de « faire grandir » tous les collaborateurs. « La montée en compétences, c’est l’essence même de mon intégration à l’équipe d’Everoad, estime Lilian Pinchelingat. J’ai grandi davantage ici en quelques mois que je ne l’aurais fait en cinq ans ailleurs. »