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Idées

Douze regards sans concessionsur la pauvreté

Idées | Culture | publié le : 01.06.2019 | Adeline Farge

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Douze regards sans concessionsur la pauvreté

Crédit photo Adeline Farge

Dans « Salauds de pauvres », douze réalisateurs ont décidé de traiter d’un sujet brûlant, sous un angle décalé et parfois provocant, dans le but de dénoncer l’insoutenable de notre époque.

Miroir ou projection, « Salauds de pauvres » s’amuse des faits de tous les jours et ne raconte pas une histoire mais des histoires. Écrit par douze auteurs, ce long-métrage est composé de sketches qui ont pour ambition commune d’interpeller le spectateur sur le fléau de la pauvreté, à l’ère de la mondialisation et du néolibéralisme sauvage. Parmi les réalisateurs, on remarque Patrice Leconte mais aussi Sophie Forte, GieDré et Christophe Alévêque, qui ont décidé de passer derrière la caméra pour nous bousculer. Grâce au ton de la comédie, de la farce et de l’humour noir, ces auteurs retranscrivent l’actualité sous un angle décalé et parfois provocant, pour mieux souligner le côté insolite et absurde de certains aspects de la vie. Sous-prolétariat, chômage, mendicité, solitude, misère sexuelle, rejet de l’autre et humiliation sont au cœur de ces récits courts et amers qui racontent comment certains essaient de s’en sortir quels qu’en soient les moyens. Loin de tout manichéisme, ces douze fables n’« idéalisent » pas le pauvre qui a toutes les raisons de devenir méchant. Dans « 115 bonsoir », un SDF un poil raciste se montre odieux avec les personnes prêtes à lui tendre la main. À travers ces courts-métrages satiriques sont ainsi dévoilées toutes les fissures du genre humain, qui peuvent amener l’homme ordinaire à devenir un monstre de lâcheté, de cruauté, d’indifférence et d’hypocrisie. Dans « Le cadeau », de Manuel Pratt, un couple de nantis n’hésite pas à organiser un safari pauvreté dans son salon. L’expression « Salauds de pauvres », attribuée à Marcel Aymé et reprise par Coluche, prend ici tout son sens : le mépris des classes dominantes engendre des salauds de pauvres. Mais gare à la roue qui tourne…

Autre bonne raison d’aller voir ce film : les bénéfices seront reversés au Secours Populaire.

Salauds de pauvres. Film de Patrice Leconte, GiedRé, Sophie Forte, Christophe Alévêque… (1 h 46), sortie le 5 juin.

Auteur

  • Adeline Farge