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Idées

Des vertus du débat…

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.05.2019 | Gilles Gateau

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Des vertus du débat…

Crédit photo Gilles Gateau

Le grand débat ? Une belle audace…

À l’heure d’écrire ces lignes, la « sortie » du grand débat reste un suspense : big bang fiscal, révolution démocratique, ou bien modestes ajustements sur fond de contraintes budgétaires ? Sans doute un « entre-deux »…

Plus que le contenu des décisions, la méthode doit aussi nous intéresser. Il y a une vraie audace – et une belle intuition politique – dans le lancement de ce grand débat pour donner une issue constructive et pacifique à la crise inédite des « gilets jaunes ». La méthode fut moderne, alliant plateforme numérique et agoras publiques, et il serait injuste de la réduire aux « shows présidentiels », certes brillants mais assez « verticaux »…

Bel exercice démocratique, donc, mais à l’heure des synthèses, la question de la légitimité ressurgit : l’avis du million d’internautes qui se sont exprimés est-il plus signifiant que celui des dizaines de milliers de manifestants en jaune des ronds-points ? Moins que celui des 37 millions d’électeurs qui ont voté, il y a deux ans, pour choisir un président à la République ? Et que dire des corps intermédiaires bien malmenés, qui ne devraient pas être réduits au rôle de spectateurs dans ce processus de sortie du grand débat ?

Avouons que ces questions de la représentativité et de la légitimité, à tous les niveaux, méritent d’y consacrer du temps et de l’intelligence collective… sans les réduire au pauvre débat sur le RIC, si loin des vrais enjeux. À propos d’intelligence, on lira avec profit le dernier ouvrage de Pierre Rosanvallon, « La légitimité démocratique » : il est en plein dans le sujet !

L’imagination pour en sortir

L’expression des Français, traversée de toutes nos contradictions (du type « nous voulons moins d’impôts mais plus de services publics »), pourra être tirée dans un sens ou dans un autre : aucun algorithme ne remplacera les choix politiques – et c’est heureux ! À l’évidence, notre plus grand défi collectif est l’invention d’une transition écologique solidaire et inclusive (des individus et des territoires), qui soit perçue comme « juste ». Elle aussi demande de l’intelligence collective et de l’audace, de l’imagination et de l’engagement. Il n’en manque pas dans notre pays, notamment du côté de la jeunesse qui commence – c’est une bonne nouvelle – à s’inviter dans ce débat !

Encore faut-il que cette ambition réformatrice ne soit pas brouillée par d’autres mesures cédant à la démagogie ambiante : par exemple, lutter contre les visions technocratiques que les citoyens ne supportent plus, ce n’est pas clouer au pilori et paupériser un peu plus des fonctionnaires et hauts fonctionnaires qui, pour la plupart, donnent sans compter le meilleur d’eux-mêmes pour l’intérêt général.

Et dans les entreprises, y a-t-il place au débat ?

Épargnées par la vindicte des « gilets jaunes » et assez absentes du grand débat, les entreprises ont vécu cette séquence avec une place enviable d’institution stable et apaisée. Soyons honnêtes : si c’est un soulagement pour beaucoup, la lucidité devrait nous garder collectivement en alerte. Toutes les contradictions et frustrations qui traversent notre pays dans cette crise pourraient atteindre l’entreprise, demain ou après-demain.

Comment s’en prémunir ? Organiser l’expression des salariés, de façon plus forte et innovante, est certainement l’une des meilleures réponses. Et l’assurance d’une implication des salariés dans les transformations qui les concernent. Je ne parle pas des référendums d’entreprise – dont on connaît les limites et les effets pervers –, mais de ces démarches originales qui voient le jour dans certaines entreprises, encore pionnières, soutenues par des jeunes start-up qui enrichissent notre ingénierie de la conduite du changement !

Auteur

  • Gilles Gateau