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Idées

L’odyssée de l’économie

Idées | Livres | publié le : 01.04.2019 | Irène Lopez

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L’odyssée de l’économie

Crédit photo Irène Lopez

Une réflexion sous forme d’un voyage de près de 500 pages. Nous avons failli passer à côté de l’ovni qu’est « La science de la richesse », de Jacques Mistral. La biographie confiée par l’éditeur cite sobrement : « Polytechnicien et agrégé des facultés de droit et sciences économiques, a mené une carrière dans l’université, l’entreprise et la haute fonction publique. » L’auteur est l’ancien conseiller de Michel Rocard à Matignon.

Si ce n’est pas un ouvrage initialement destiné aux étudiants, il ravira cependant tous ceux qui ont souffert de la domination des mathématiques et de l’économétrie dans les sciences économiques. L’économie y est racontée sous forme d’histoires. Elles sont d’autant plus intéressantes qu’étayées par des exemples concrets.

Dans « Cartographier le monde moderne », Jacques Mistral relate la naissance de l’Homo œconomicus moderne. Dans « De la richesse à la puissance », il rappelle la quête des économistes, chargés de subvenir aux besoins des royaumes. Comme le rappelle le Comte de Maurepas, en 1792 : « Le commerce est la source de la félicité, de la force et de la richesse d’un État… La richesse et la puissance sont les vrais intérêts d’une nation et il n’y a que le commerce qui puisse procurer l’une et l’autre ».

« La grammaire de l’échange » expose les méandres de la genèse progressive des règles de l’échange international. « La marchandise et l’exploitation » aborde la révolution industrielle et la pensée de Marx. « L’avènement du marché » décrit la mise en place du marché autorégulateur. « L’économie réencastrée » revient sur le moment de l’élaboration des lois sociales et de l’État-providence, avec le rôle majeur joué par John Keynes. « La fable des marchés efficients » décrit le tournant des années 1980 et l’avènement du néolibéralisme post-keynésien.

Les courants intellectuels

C’est littéralement palpable, l’auteur, en haut fonctionnaire, ne peut se départir d’un parti pris keynésien. D’ailleurs, en guise de conclusion, il reprend celle de Tocqueville dans « La Démocratie en Amérique » : « Je vois de grands périls qu’il est possible de conjurer […] et je m’affermis de plus en plus dans cette croyance que, pour être honnêtes et prospères, il suffit aux nations démocratiques de le vouloir. » Mercantilistes, physiocrates, classiques, néoclassiques, keynésiens, école de la régulation, monétaristes… Vous saurez tout sur les courants intellectuels ayant animé l’économie qui constitue « à la fois le reflet de la société et un outil de sa transformation ».

La science de la richesse. Essai sur la construction de la pensée économique.

Jacques Mistral, Éd. Gallimard, 496 pages, 24,50 euros.

Auteur

  • Irène Lopez