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Édito

C’est par où la sortie ?

Édito | publié le : 01.04.2019 | Jean-Paul Coulange

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C’est par où la sortie ?

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Même à une vitesse ramenée de 90 à 80 km/h, une sortie de route peut s’avérer extrêmement dangereuse ! Sans filer la métaphore routière, et plus sérieusement, la sortie du grand débat national s’annonce extrêmement périlleuse pour le chef de l’État. Libérer la parole en pleine crise sociale au gré de réunions citoyennes – plus de 10 000 – qui ont rassemblé des centaines de milliers de nos compatriotes et suscité plus de deux millions de contributions en ligne s’apparente à des états généraux à une échelle encore jamais vue. N’en déplaise aux quelques dizaines de milliers de protestataires qui continuent de défiler à côté des casseurs patentés, chaque samedi, en se plaignant de n’être pas entendus, le débat a réellement eu lieu. Et c’est plutôt une bonne nouvelle pour une démocratie qu’on disait exténuée.

Reste à en sortir, et par le haut. Plusieurs écueils se profilent déjà pour l’exécutif. La principale contrainte est naturellement d’ordre financière. Les premières mesures d’urgence prises en fin d’année dernière ont déjà coûté la bagatelle de 10 milliards d’euros, et il sera quasiment impossible de satisfaire à la fois les demandes de baisse d’impôts (à lui seul le Medef a réclamé un choc fiscal de 90 milliards d’euros), les besoins de services publics supplémentaires et les revendications en termes de pouvoir d’achat. Le deuxième écueil est de nature politique. Ajouter de la frustration à la désespérance qui s’est souvent exprimée sur les ronds-points serait suicidaire pour la majorité en place, à quelques encablures des élections européennes, et ce même si les formations d’opposition ne semblent pas avoir pleinement profité des récents événements. Enfin, le troisième obstacle est d’ordre constitutionnel. Le grand débat a fait resurgir le référendum d’initiative populaire, dont nombre de gilets jaunes ont fait leur pierre philosophale. Mais le maniement de cet instrument démocratique n’est pas chose aisée.

Par chance, le Gouvernement a ouvert tellement de chantiers de réformes – celles des retraites, de l’assurance-chômage, de la fonction publique ou encore de la constitution – que les mesures prises dans les semaines qui viennent trouveront sans difficulté leur véhicule législatif, au risque de saturer l’agenda parlementaire. On pensait qu’après un démarrage en trombe avec, entre autres, les ordonnances de 2017 et la réforme de la formation de 2018, le quinquennat allait revenir à un rythme de croisière ; on s’aperçoit que tout ne fait que commencer, en réalité. Le mandat du président de la République peut prendre une dimension historique ou tragique, au sens littéral. On sait désormais que l’élection d’Emmanuel Macron a ouvert une séquence totalement nouvelle de notre histoire politique. Et on est loin d’en connaître à l’avance l’issue.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange