« Monsieur Dauphin ». Ce surnom qui a longtemps collé aux basques de Laurent Berger, à l’époque où il était l’héritier désigné de François Chérèque à la CFDT, pourrait parfaitement convenir à un autre Laurent. Escure, celui-là. Élu sans surprise le 4 avril – il était l’unique candidat –, l’homme de 48 ans, choisi par Luc Bérille pour lui succéder, cochait toutes les cases pour diriger un jour le syndicat. Instituteur, militant laïc, passé par le SE-Unsa puis par l’Unsa Éducation, ces fédérations faiseuses de rois au sein de l’Union, Laurent Escure affiche un parcours chimiquement pur de syndicaliste enseignant. À l’heure où, justement, l’Unsa, dont un tiers des adhérents viennent désormais du privé, cherche à s’affranchir de son étiquette de syndicat de fonctionnaires. Paradoxe ? « Ça fait quand même un moment que j’ai quitté la blouse du prof pour enfiler un bleu de chauffe ! » se défend-il. Les récents résultats électoraux de l’Unsa semblent lui donner raison. Si son syndicat poursuit sa progression dans les trois fonctions publiques, il continue en parallèle son bonhomme de chemin dans le secteur privé. Représentative dans 90 branches, première chez IBM, SFR ou Technicolor, l’Unsa conforte sa représentativité chez Air France ou Renault Flins, alors que la CGT et FO viennent d’être éjectées du jeu. Signe des temps, la nouvelle équipe de direction de l’Unsa est désormais composée à égalité d’élus venus du public et du privé. Laurent Escure sera-t-il le secrétaire général qui permettra de toucher du doigt le Graal de la représentativité nationale interprofessionnelle ? « Les conditions ne seront sans doute pas atteintes d’ici au prochain calcul de représentativité prévu dans deux ans. » L’échéance suivante est fixée en 2025. À ce moment-là, peut-être…