Alors qu’elle a été désignée, en février, pour siéger au Conseil consultatif pour l’égalité entre les femmes et les hommes du G7, dont l’un des principaux objectifs sera de réaliser un benchmark des lois les plus avancées dans le monde sur le sujet afin de les implanter dans les pays du groupe des sept, un autre « challenge » attend Brigitte Grézy. En la nommant à la tête du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et hommes (HCE), le 6 mars dernier, Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, lui a aussi confié une mission de préfiguration pour y intégrer l’égalité professionnelle. Une évolution de l’instance que cette experte juge « indispensable » : « Aujourd’hui, le HCE s’occupe de l’égalité mais pas de l’égalité professionnelle, qui relève du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (CSEP). Or, l’égalité professionnelle fait partie d’un tout, ce qui fait que nos travaux sont sans arrêt “borderline”. L’approche doit être systémique », explique-t-elle. Comment, en effet, traiter la question des femmes seniors sur le marché du travail, sans se préoccuper du contexte social et personnel dans lequel elles vivent et des phénomènes de sexisme dont elles sont l’objet ? Une problématique sur laquelle elle doit prochainement présenter un avis de propositions, en tant que secrétaire générale du CSEP, fonction qu’elle continuera à exercer jusqu’à la fin de son mandat.

Agrégée de grammaire, Brigitte Grézy a enseigné la littérature dans un lycée près de Versailles (78), avant d’intégrer l’Ena dans la promotion Liberté Égalité Fraternité (1989), alors qu’elle était maman de deux enfants. À sa sortie, elle choisit le ministère de l’Industrie, et devient très vite directrice de cabinet du directeur général. « Un milieu d’hommes. C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai été sensible au sexisme, même si ça s’est très bien passé », plaisante-t-elle. Mais c’est à partir de 1998 que son engagement pour la cause des femmes prend progressivement corps. Elle devient cheffe du Service des droits des femmes et de l’égalité, puis directrice du cabinet de Nicole Ameline, la ministre de la Parité et de l’Égalité professionnelle, avant d’être nommée inspectrice générale des Affaires sociales. On lui doit alors de nombreux rapports sur l’égalité, dont celui sur l’égalité professionnelle en 2009, qui a notamment inspiré la loi sur les quotas dans les conseils d’administration. Enfin, en 2013, Najat Vallaud-Belkacem lui offre le poste de secrétaire générale du CSEP, ce qui l’amène à travailler sur le sexisme au travail, et à faire intégrer la notion d’agissements sexistes dans le Code du travail, en 2015. Un sujet qui tient particulièrement à cœur à l’auteure du « Petit traité contre le sexisme ordinaire », publié chez Albin Michel en 2009. À la sortie de son livre, elle se rend compte en discutant avec d’autres femmes que « chacune était prise dans son petit univers de sexisme et qu’aucune n’osait en parler », confie-t-elle. Sa satisfaction, aujourd’hui, est que le mouvement Me Too a enfin permis de « réintégrer le corps dans le travail » et de faire prendre conscience aux entreprises qu’elles pouvaient « avoir un magnifique accord égalité et être sexistes ». Selon elle, pour franchir un pas décisif, il faudrait à présent « un Me Too de la parentalité ». « La question n’est pas véritablement entrée dans l’entreprise, alors qu’elle est à la base de toutes les inégalités entre les femmes et les hommes », déplore-t-elle.

1998

Cheffe du Service des droits des femmes et de l’égalité.

2004

Directrice du cabinet de la ministre de la Parité et de l’Égalité professionnelle.

2006

Inspectrice générale des Affaires sociales (Igas).

2013

Secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et membre de la commission « Lutte contre les stéréotypes sexistes et la répartition des rôles sociaux » du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes