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« Il convient de repenser les cadres, objets et lieux de discussion »

À la une | publié le : 01.04.2019 |

Odile Chagny voit dans le numérique un outil d’élargissement du champ des possibles. Même si c’est au prix d’une forme de remise en cause.

Que peut changer l’arrivée du numérique pour les syndicats ?

Odile Chagny : Ils doivent accompagner la transformation digitale de l’entreprise puisque cela modifie sa relation aux parties prenantes. D’autre part, le numérique renouvelle l’action syndicale, les modes de recrutement et la prise de décision. Ces outils permettent d’organiser la délibération, au moyen de groupes Facebook par exemple, et de la mener à une autre échelle, qui dépasse l’entreprise. Autre avantage : les réseaux d’entreprise permettent des remontées du terrain sur les conditions de travail, comme a pu le faire la CFE-CGC chez Orange. De façon générale, le numérique contribue à étendre le champ d’action et à toucher des publics plus nombreux, les travailleurs des plateformes, entre autres, à qui l’on peut proposer des services, comme le fait la CFDT à l’endroit des freelances. Cela engendre une nouvelle façon de mener l’action collective aussi. Bien sûr, elle peut être conduite par d’autres groupes, en dehors des syndicats. Des groupes non institués peuvent ainsi les bousculer.

Cette irruption du numérique vous semble-t-elle positive pour les syndicats ?

O. C. : Cela renouvelle en tout cas les modes d’organisation, l’émergence du collectif et la délibération. Le médiateur n’est plus celui qui délivre l’information. Mais la question de l’acteur représentatif restera posée. Sans lui, il est difficile d’imaginer le dialogue social, comme l’illustrent actuellement les plateformes de travailleurs indépendants qui peinent à se faire entendre en l’absence de représentants institués. Il reste des invariants : les parties prenantes demeurent identiques. Mais il convient de repenser les cadres, objets et lieux de discussion.

Les différents syndicats vous semblent-ils avoir intégré ces nouvelles potentialités offertes par le numérique ?

O. C. : Les responsables que je rencontre sont convaincus. La difficulté est de savoir comment cela infuse. Il n’y a pas un syndicat qui serait plus avancé que les autres. En revanche, chacun a un peu sa spécialité : la CFE-CGC traite beaucoup la question des données ou de l’éthique, la CGT se montre en pointe sur le droit à la déconnexion, la CFDT propose des services aux travailleurs autonomes, FO a investi le champ du microtravail…