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Idées

Innover, un remède à la crise ?

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.03.2019 | Gilles Gateau

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Innover, un remède à la crise ?

Crédit photo Gilles Gateau

L’innovation : pour tous et tout le temps !

Le changement, c’est maintenant ? La promesse était forte… mais porteuse de confusions : un changement « qui vient d’en haut », un « maintenant » qui veut dire « tout de suite »… On connaît la suite. Moins lyrique, plus pragmatique, on serait tenté de dire en observant les initiatives qui fleurissent dans les entreprises, dont le numéro 200 de ce mensuel donne de belles illustrations : l’innovation, c’est tout le temps !

C’est vrai depuis longtemps. Il y a presque un siècle, Joseph Schumpeter décrivait déjà le processus d’innovation dans l’économie capitaliste, cette fameuse « destruction créatrice » à l’œuvre dans un cycle sans fin.

Alors, rien de neuf ? À l’évidence, si : le rythme des innovations s’accélère, les start-up se multiplient, et il n’est plus une entreprise qui ne jure par « l’agilité », « l’open innovation », « l’intelligence collective ». Au-delà des effets de mode du vocabulaire managérial – dont on peut sourire –, il y a un mouvement enthousiasmant pour quiconque est convaincu que l’épanouissement au travail passe par la possibilité d’exprimer sa créativité : l’innovation, c’est désormais l’affaire de tous !

Un outil de motivation au travail

En sortant des seuls laboratoires de chercheurs et des bureaux d’étude des ingénieurs, en inspirant toute l’organisation et chaque salarié quand il est face au client, l’innovation peut non seulement être un moteur d’amélioration des biens et des services et ouvrir de nouveaux marchés, mais aussi – c’est tout aussi essentiel – redonner sens et motivation au travail.

Le taylorisme a produit des innovations majeures dans l’organisation du travail, qui ont contribué à l’avènement de la production et de la consommation de masse, mais ces mêmes innovations ont longtemps – et parfois encore maintenant – bridé les capacités créatrices des femmes et des hommes au travail. Le contraire de ce que nous voulons aujourd’hui promouvoir dans l’entreprise. Prenons garde : à l’heure de « l’intelligence artificielle », de l’extension irrépressible du domaine d’action des robots, jusqu’à donner le vertige, l’avenir est plus que jamais dans ce qui reste le plus humain, en l’occurrence l’imagination, la créativité, l’implication et le collectif.

C’est pourquoi l’innovation est d’abord une question de culture. Un « innovateur » solitaire, si doué soit-il, risque d’être bien vite neutralisé par la production massive d’anticorps de l’organisation qui l’entoure. Mais un collectif innovant, sachant coopérer, imaginatif, agile pour aller vite, peut réellement faire éclore des idées et des pratiques nouvelles, et créer un écosystème favorable à l’innovation.

Si l’innovation est un moteur puissant, où nous emmène-t-il ?

L’innovation est une force qui va, mais qui va où ? Guidées par la recherche du bien commun (des nouveaux outils de diagnostic à l’hôpital, une énergie plus propre, des voitures plus sûres), les innovations seront vues comme des progrès, même si elles naissent de la recherche d’un profit privé. Un progrès mieux accepté, quand bien même il oblige à changer ses habitudes ou fait disparaître d’anciens métiers. Mais toute innovation n’a pas ce caractère. Certaines sont ambivalentes, elles peuvent apparaître comme des régressions, voire comme des menaces pour les citoyens, pour les consommateurs, pour les salariés concernés. En bref, elles font débat (c’est le grand mot du moment !), et elles doivent en effet être débattues. Nous avons alors besoin d’une véritable « pédagogie de l’innovation », pour lui redonner le sens qu’elle doit avoir : celui de la recherche d’un progrès. D’un progrès qui profitera, plus ou moins rapidement, à tous ! D’une création de valeur qui doit – n’en déplaise aux GAFA, par exemple – aussi être partagée !

Auteur

  • Gilles Gateau