Stéphane Waller, Fondateur du cabinet de conseil Meltis

Depuis deux ans, les entreprises ont compris qu'elles ne pouvaient plus motiver leurs troupes par leur seule réussite économique ou industrielle. Elles jouent sur les vecteurs de la reconnaissance et de l'affectif. Des domaines dans lesquels les cabinets de consulting, qui vendent des modèles de management prêt à l'emploi, ne sont guère efficaces. À l'inverse, les intervenants atypiques : dompteur, sculpteur, acteur, conteur, astrophysicien, compositeur ou encore œnologue, en faisant part de leur passion, excellent dans le mode émotionnel. En outre, ce genre d'interventions décalées permet aux cadres, qui ont tendance à vivre en circuit fermé, de s'ouvrir et de se remettre en question. Ils le vivent comme un enrichissement personnel. C'est donc un outil de fidélisation, au même titre que le salaire, les avantages en nature, la taille du bureau ou les séances de relaxation. Mais attention à ne pas faire original pour faire original. Trop d'entreprises veulent « se payer » un chef d'orchestre de renom, par exemple, sans se demander dans quel but.

Janek Rayer Consultant au cabinet 2MRH

Les entreprises évoluent désormais dans un environnement turbulent où les règles du jeu changent sans cesse. Les modèles de management américains et japonais, avec lesquels elles fonctionnaient jusqu'à présent, montrent leurs limites. Plus personne n'a de certitudes quant à l'avenir. Les entreprises doivent apprendre à devenir plus souples, et leurs dirigeants aussi. Les intervenants atypiques peuvent les y aider. Par exemple, un chef d'orchestre peut expliquer qu'il n'est pas toujours rationnel lorsqu'il conduit ses musiciens, qu'il lui arrive de se laisser aller dans le feu de l'action. Sans pour autant accepter la moindre fausse note. Ce genre d'analogie avec le management est très efficace. D'ailleurs, les entreprises ont toujours fait appel à des intervenants atypiques pour animer leurs séminaires. La plupart d'entre elles avaient juste arrêté pendant la crise. Mais certaines avaient continué. Car, hormis les grandes stars, les intervenants atypiques demandent des honoraires plus modestes que les consultants.