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Le bloc-notes

Plus on attend sur les retraites, plus le choc sera rude

Le bloc-notes | publié le : 01.03.2001 | Bernard Brunhes

Supplique sociale à l'adresse des nouveaux maires

La situation de l'emploi a beau s'améliorer, les chômeurs sont encore nombreux dans les villes et ils attendent beaucoup de leur maire. Les nouvelles équipes qui sortiront des urnes les 11 et 18 mars vont devoir définir une politique de l'emploi pour leur ville.

Voici quelques conseils tirés d'expériences glanées en France et en Europe.

Oubliez d'abord la fausse facilité d'une embauche directe de chômeurs qui ne tiendrait pas compte des besoins réels de l'administration municipale ni des compétences des intéressés.

Rappelez-vous que le développement économique d'un territoire ne dépend ni des seuls responsables publics ni des seules entreprises privées : c'est la coopération continue et le partenariat entre les sphères publique et privée qui permettent de concevoir et de réaliser le développement. La rénovation urbaine est souvent nécessaire : il y faut des financements publics. Les investissements privés en sont inséparables. Lorsqu'il n'y a pas confiance, lorsque public et privé s'ignorent au lieu de siéger et de construire ensemble, rien n'est possible.

N'hésitez pas à vous réinventer une identité économique là où le développement du passé était fondé sur des industries sans avenir. Il faut du temps pour renverser la tendance et reconstruire de nouveaux axes de développement. Il faut parfois des grands projets, peut-être jugés coûteux, mais décisifs pour le changement et pour l'image.

Il faut là encore des partenariats solides. Et il faut aussi chercher et trouver dans le passé de la ville les bases culturelles des nouvelles activités. Ce n'est pas facile lorsque les activités porteuses étaient surtout commerciales, portuaires par exemple. Un passé industriel est toujours plus porteur si l'on sait le dépasser.

Ne croyez pas que votre ville peut vivre seule. Ce sont les grandes communautés urbaines, les aires métropolitaines, les réseaux centrés sur un chef-lieu qui constituent les terreaux du développement. Foncez sur l'intercommunalité !

La ville attire les chômeurs : ce n'est pas nouveau. Elle doit donc construire ou aider les dispositifs qui permettent leur insertion : service public de l'emploi, missions locales, aide à la création d'entreprises, entreprises d'insertion et associations intermédiaires, formations, etc.

Il y a tant d'initiatives, tant de bonnes volontés, tant d'associations, tant de financements que tout devrait être possible, mais il manque souvent l'opérateur, le coordonnateur, l'assembleur. Les municipalités peuvent faire beaucoup, sans coût élevé, pour l'employabilité de leurs administrés.

Gauche ou droite : la différence est faible dans ce domaine, si l'on veut réussir.

Retraites

La messe est dite : de toute façon, il faudra attendre l'an 2002 et le nouveau quinquennat pour s'attaquer enfin aux retraites. Les événements de janvier et février ont au moins eu le mérite d'ouvrir spectaculairement les dossiers.

Il y a urgence. Il est nécessaire que dès 2002 on s'attaque au problème de l'équilibre des retraites : surtout ne pas croire qu'une situation économique plus favorable nous fera échapper au déséquilibre ; et ne pas attendre plus longtemps sous prétexte que telle ou telle projection permet de retarder l'heure de la catastrophe financière. C'est en effet une évolution progressive des systèmes qui permettra de faire face. Plus on attend, plus le choc sera dur.

Espérons que l'État, les syndicats et le patronat sauront mettre à profit les 18 mois qui viennent pour préparer l'avenir, en traitant à la fois de l'équilibre financier et des demandes nouvelles pour un système souple, à la carte, adapté à l'économie du 21e siècle.

Danone

Michelin ou Danone : chaque fois que l'on reparle de réductions d'effectifs, la classe politique s'étonne et les médias se scandalisent. Pourtant, il faut bien accepter que la productivité industrielle progresse et qu'on puisse faire autant de yaourts et autant de pneus avec moins de travail. Il faut aussi comprendre que nos sociétés occidentales et sophistiquées sont mieux placées que les autres pour la production de services à haute valeur ajoutée et moins bien pour la production industrielle.

Il n'y a rien de scandaleux à améliorer la productivité d'une entreprise – même si elle gagne de l'argent ! Le scandale serait qu'on le fasse sans respecter les hommes et les femmes qui sont touchés, sans s'assurer que tout est fait pour permettre les reconversions et les redéploiements.

Auteur

  • Bernard Brunhes