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Vie des entreprises

TF1 bichonne davantage ses salariés que Canal Plus

Vie des entreprises | MATCH | publié le : 01.05.1999 | Jacques Trentesaux

TF1 et Canal Plus chouchoutent leurs collaborateurs, à coups d'avantages sociaux, de primes et de rémunérations substantielles. Issue de la vieille ORTF mais entièrement reprise en main par Bouygues, TF1 a pris une bonne longueur d'avance, en matière sociale, sur la jeune chaîne cryptée.

« C'est moins long à TF1 ! » Lancée dans la file d'attente de la cafétaria de Canal Plus, la plaisanterie fait mouche. Car toute comparaison avec l'autre géant de l'audiovisuel est sensible. Installées à quelques encablures l'une de l'autre, le long de la Seine, TF1 et Canal Plus sont aujourd'hui deux machines de guerre d'un poids économique comparable. Leur décollage date des années 80. Créée de toutes pièces en novembre 1984, Canal Plus est née dans le scepticisme général. Quinze ans plus tard, son succès ne se dément pas.

C'est en avril 1987 que le groupe Bouygues s'empare de la première chaîne, à la faveur d'une privatisation surprise. Les « Bouygues », comme on les appelle encore, douze ans plus tard, au siège de Boulogne, ont investi peu à peu une chaîne lestée par des années de service public, tenue par les syndicats et paralysée par les guerres de clan. Ils mettront sept ans pour « bâtir un nouveau socle social », selon l'expression pudique du DRH, Nonce Paolini.

Paradoxalement, c'est la doyenne TF1 qui a bâti plus vite que sa jeune consœur une politique de ressources humaines digne de ce nom. Le lourd héritage du service public a contraint les Bouygues à s'attaquer d'emblée à ce grand chantier. « On découvre encore des choses incroyables, des pratiques explosives, des usages inavouables », s'enflamme Emmanuel Grados. Arrivé en 1988, l'énergique directeur du personnel et des relations sociales de TF1 est intarissable sur le sujet. Ce qu'il avoue moins, c'est les difficultés qu'il a rencontrées pour remettre en cause les avantages acquis.

Exemple : lorsque les Bouygues décident de supprimer, au début des années 90, le quintuple paiement des heures supplémentaires effectuées les jours fériés par les techniciens, la fronde est immédiate. Un soir, la diffusion du 20 heures est tellement menacée que la direction fait volte-face. Plutôt que de s'attaquer de front aux acquis sociaux, les nouveaux hommes forts de TF1 décident de contourner l'obstacle. D'un côté, ils s'appuient sur le corporatisme, caractéristique du secteur audiovisuel, avec l'octroi de primes ponctuelles, métier par métier ; de l'autre, ils organisent l'harmonisation des régimes : nouvelle mutuelle, accord de prévoyance performant et création, en 1992, d'un plan d'épargne entreprise considéré comme « le meilleur de la place de Paris ».

Canal Plus n'a pas connu la même urgence sociale. Quand la chaîne a commencé à engranger de confortables bénéfices, elle s'est d'abord souciée de les distribuer à ses salariés. Les plans de souscription d'achat d'actions (stock-options) se multiplient. Début 1990, le plan d'épargne entreprise offre jusqu'à quatre mois de salaire. Tout à son expansion fulgurante, Canal Plus ne s'est jamais attardée sur sa politique de RH, mis à part la signature d'une convention d'entreprise en 1991. Conséquence : la chaîne cryptée est passée à plusieurs reprises au bord de la crise de croissance.

Des banderoles devant Canal

En 1994, pour les dix ans de Canal, une menace de grève contraint Pierre Lescure à aller au-devant de ses troupes pour calmer le jeu. En novembre 1997, une centaine de télénégociateurs du centre d'appel téléphonique d'Issy-les-Moulineaux passent aux actes. Une grande première dans l'histoire de Canal Plus ! « Munis de banderoles, nous avons fait irruption dans le hall du siège de la chaîne, juste avant une émission enregistrée en public », raconte Élisa Perrot, déléguée CGT. Les grévistes obtiennent aussitôt satisfaction. À Canal Plus comme à TF1, on a horreur du désordre.

Pour imposer leur marque sur une entreprise pétrie d'histoire, les responsables ressources humaines de TF1 – tous issus du groupe Bouygues – ont soufflé le chaud et le froid, multipliant les départs négociés comme les promotions fulgurantes. Cette période de grandes manœuvres, achevée vers 1993-1994, coïncide avec l'arrivée de Nonce Paolini à la DRH du groupe. Et suit de peu le déménagement dans la tour imposante du quai du Point-du-Jour, à Boulogne. Un bâtiment qui symbolise à merveille la prise de pouvoir des Bouygues. Homme prudent et affable, Nonce Paolini se définit comme un pragmatique du social. La mission de cet ancien directeur de la communication du groupe de BTP ? « L'épicerie fine des RH. » C'est-à-dire la mise en place d'une politique des compétences, de gestion individualisée des carrières, de formation. Sa ligne de conduite ? « Que les salariés se sentent bien » dans la maison TF1, quitte à y mettre les moyens.

En 1995, TF1 publie son premier Guide des métiers qui recense 140 métiers ventilés entre 275 fiches emploi. Objectif : améliorer la connaissance du groupe par les salariés et faciliter leur mobilité. Cette même année, la première chaîne lance des stages de management, destinés à tous les cadres de l'entreprise, dirigeants compris. Depuis, 450 d'entre eux ont suivi cette formation de deux fois trois jours. TF1 instaure aussi l'entretien individuel articulé autour d'une fiche d'autoévaluation, rejetée en 1988 par les salariés. En 1997, l'accord PPTA (personnel permanent technique et administratif) est renouvelé. Sans la CGT. Il prévoit une nouvelle grille de classification et jette aux oubliettes la progression automatique d'échelons.

Rien de tel à Canal Plus, qui commence seulement à se pencher sur les ressources humaines, à l'occasion des 35 heures. Une échéance que les deux chaînes examinent avec circonspection, tant les horaires sont variables selon les services. Prudemment, les deux groupes ont choisi de s'allier les services de cabinets extérieurs, (Algoë pour TF1 et Rise pour Canal Plus). Mais si la chaîne Bouygues, qui revendique 700 créations d'emploi depuis la privatisation, n'envisage aucune création supplémentaire, Canal Plus ira vraisemblablement au-delà des 6 % imposés par la loi dans l'accord qui devrait être signé avant le 30 juin, afin de bénéficier des aides maximales. L'aubaine est trop belle pour une entreprise en forte croissance (+ 226 embauches en 1997).

« Les 35 heures vont entraîner la mise à plat générale de l'organisation et nous permettre de nous projeter dans l'avenir, ce qui n'avait pas été fait jusqu'à présent pour le social », admet Denis Olivennes, 38 ans, secrétaire général de Canal Plus depuis septembre 1998. L'ancien bras droit de Christian Blanc à Air France, flanqué depuis décembre de Philippe Duranton, 39 ans, venu de Thomson-CSF, a été choisi par Pierre Lescure pour reprendre en main les RH de Canal. Il était temps ! Fin 1998, les représentants du personnel rejettent en bloc le plan de formation de l'entreprise, qualifié de « catalogue ». En décembre 1998, des opérateurs de la régie finale numérique déposent un préavis de grève et cueillent à froid Philippe Duranton. Ces sautes d'humeur trouvent leur origine dans l'évolution très rapide des métiers de Canal Plus. Leur technicité croissante entraîne un fort besoin de reconnaissance. Et l'absence de gestion prévisionnelle des emplois pèse fortement. « Nous avions l'impression d'être figés dans la société, de voir des gens de l'extérieur débouler et prendre tous les postes. Il n'y a pas de perspectives d'évolution de carrière », déplore Gérard Chollet, secrétaire CFDT du comité d'entreprise.

Denis Olivennes confirme le diagnostic : « Nous devons arriver à formaliser davantage nos ressources humaines sans bureaucratiser l'entreprise. » Philippe Duranton ajoute : « Mon challenge personnel est de bâtir une politique de RH pour le groupe. » Vaste programme. En 1997, la mobilité interne s'est bornée à trente mouvements (sur 2 200 salariés). Gestion des hauts potentiels, développement de la formation, mobilité internationale – vingt nationalités sont représentées dans l'entreprise –, lancement de la gestion prévisionnelle des emplois dans la foulée des 35 heures : le plan de travail est copieux. Il commence à s'élaborer en partenariat étroit avec les représentants du personnel. À Canal Plus, les six organisations syndicales ont été longtemps regardées de haut. Jusqu'en février 1999, elles partageaient le même local, équipé de meubles de récupération et de deux ordinateurs. Depuis, les moyens mis à leur disposition sont plus décents. D'ici à l'été s'ouvrira une négociation sur le droit syndical dans l'entreprise, avec « formation des délégués et réflexion sur leur carrière » à la clé.

Quasi-monopole syndical à TF1

C'est peu dire que la Une soigne ses syndicats. La direction rémunère trois permanents pour la CFTC, un pour FO, un pour la CGT, et met à la disposition de tous des locaux spacieux et bien équipés. Forte de 472 adhérents, la CFTC bénéficie d'un quasi-monopole syndical. À l'exception de la CGT encore relativement puissante à la technique, les autres organisations sont presque fantomatiques. À TF1, on considère qu'un bon climat social passe par des relations de confiance. À Canal Plus aussi, mais on respecte une certaine distance. C'est ce qui a conduit les représentants des salariés à commander une contre-expertise sur les 35 heures. Une initiative inimaginable à TF1. En 1995, la direction de Canal Plus a créé une unité économique et sociale qui assure une certaine cohérence dans la gestion des salariés et une meilleure visibilité à leurs représentants. Seule exception : Ellipse Programme et ses filiales (230 salariés permanents) n'en font pas partie. Poussant plus avant la logique, Gérard Chollet souhaite la constitution d'un comité de groupe dès l'an 2000. À la mi-janvier, il a adressé un courrier à Pierre Lescure pour engager la création d'un comité européen, avec les Italiens de Telepiù. Rien de tel à TF1 qui n'entend pas s'encombrer d'« usines à gaz », comme l'explique Nonce Paolini.

À TF1, la proximité avec les organisations syndicales semble payante puisque le climat social est excellent. La chaîne achèterait-elle la paix sociale ? « Et alors, rétorque Nonce Paolini. Faut-il forcément affronter des grèves pour être un bon DRH ? » Les faits paraissent lui donner raison. Sous l'ère Bouygue, la chaîne n'a pas connu une seule grève. Les taux de participation aux élections du personnel dépassent régulièrement les 75 %. Les accords d'entreprise sont presque toujours signés par l'ensemble des syndicats qui bénéficient, avec Patrick Le Lay, d'un PDG très accessible. Ce dernier assiste à tous les débuts de CE où il évoque l'actualité stratégique de l'entreprise. TF1 soigne le confort psychologique et matériel de ses salariés « pour que chacun donne le meilleur de lui-même ». À charge de résultats. À la rédaction, par exemple, la location d'un hélicoptère pour un reportage n'est jamais refusée si elle est justifiée. En revanche, toutes les dépenses doivent être visées par la direction financière. Et les reporters sont priés de réaliser « huit à dix sujets dans le mois, seuil minimal de rentabilité », explique l'un d'eux.

Entreprises en bonne santé financière, les deux chaînes rivalisent de générosité avec leurs troupes, même si TF1 tient la corde. « Quand vous ne distribuez que des cacahuètes, vous n'avez que des singes », se plaît à dire Nonce Paolini. Les deux chaînes offrent 5 500 francs de cadeau de mariage et de naissance à leurs salariés mais délivrent aussi généreusement primes de crèche ou de garde d'enfants. Le budget du CE de TF1 SA frôle les 10 millions de francs pour 1 200 collaborateurs (contre 3,5 millions de francs pour les 1 600 salariés de la chaîne Canal Plus).

Avec leur CE, les salariés peuvent partir dix à quinze jours au Vietnam pour 5 000 à 6 000 francs, suivrent des cours de piano ou de montage vidéo… La première chaîne consacre également près de 8 millions pour des prestations sociales complémentaires facultatives. À TF1 comme à Canal, lunettes, prothèses dentaires ou vaccins sont entièrement pris en charge. Mieux : TF1 dépense 3,5 millions de francs dans un espace forme, avec sauna, solarium et appareils de musculation réservé à ses salariés.

Côté porte-monnaie, le personnel de TF1 n'a pas à se plaindre. Selon les vœux de Patrick Le Lay, la chaîne s'est lancée dans une politique de « partage des fruits de l'expansion ». Canal Plus également, mais les employés de la chaîne cryptée ont vu fondre leur participation ces dernières années à cause de la chute des bénéfices. Les plans d'épargne entreprise des deux chaînes ont de quoi susciter des jalousies. La hausse du cours de l'action (+ 700 % pour TF1 comme pour Canal Plus, depuis l'introduction) les transforme en pactoles. En septembre 1999, TF1 passera à la vitesse supérieure grâce à une augmentation de capital de 150 millions de francs réservée au personnel. Les conditions d'accès sont exceptionnelles : achat à 80 % de la valeur de l'action, prêt bancaire sans frais et récupération de 75 % de la plus-value au bout de cinq ans. En 1997, la part du capital détenu par les salariés était déjà de 2,4 % à TF1 contre 0,24 % à Canal Plus.

« T'es Canal ou pas ? »

La générosité des deux chaînes est inégalement répartie. Selon les métiers d'abord, avec des primes ou des augmentations délivrées au coup par coup. Lorsque les reporters du service étranger de TF1 ont exigé une prime de risque, la direction leur a accordé immédiatement plusieurs milliers de francs de hausse de salaire. À TF1 toujours, les opérateurs de régie finale ont obtenu des primes de nuit, allant jusqu'à 1 757 francs les jours fériés. À Canal Plus, les majorations de taux horaire sont variables d'une régie à l'autre. Ces disparités sont renforcées par l'émergence d'une constellation de filiales. Certaines s'en tiennent au Code du travail, qui n'a pas grand-chose à voir avec le statut privilégié des deux chaînes.

Les principales différences sont celles qui existent entre personnels statutaires et précaires (CDD, stagiaires, intermittents, sous-traitants). La sous-traitance est surtout répandue dans la production où les cachets de vingt-quatre heures ou les CDD d'un mois sont courants. Une émission d'information comme Un autre journal fonctionne pour l'essentiel avec des CDD de dix mois (de la mi-août à la mi-juin) renouvelés chaque année, si l'Audimat de l'émission est suffisant. Le système est bien rodé puisque le treizième mois, versé fin juin, permet de faire la jonction jusqu'à la rentrée. Le recours aux sociétés de location est fréquent. Au départ, il ne s'agissait que de matériel. Ensuite, ces « locations » se sont élargies aux techniciens. Selon les besoins du moment, TF1 sollicite des preneurs de son ou des monteurs. Officiellement, ils sont salariés de sociétés sous-traitantes (TCP, TNT, Waymel ou encore Télé Europe) mais, dans les faits, en lien direct avec TF1. Par souci d'économie, Canal Plus et TF1 développent également l'externalisation. Depuis mars, les hôtesses d'accueil de Canal Plus ne sont plus salariées de la chaîne. TF1 a franchi le pas depuis longtemps : bien qu'arborant la tenue bleue maison et le pin's au logo de la chaîne, le personnel d'accueil et de surveillance n'appartient pas à TF1.

L'utilisation des CDD d'usage est plus complexe. En vertu d'un accord interprofessionnel d'octobre 1998, ils sont limités « aux seuls cas où les particularités le justifient ». Canal Plus a tenté d'étendre la pratique des CDD d'usage aux journalistes avant de faire machine arrière. À TF1, l'effort porte prioritairement sur l'intégration progressive des précaires. En 1998, quarante-quatre d'entre eux ont été engagés en CDI. Dans le secteur de l'information, la situation s'assainit. Parfois sous la pression des prud'hommes. Un journaliste reporter d'images payé à la pige au jour le jour depuis huit ans vient d'obtenir près de 350 000 francs d'indemnités. La coupure entre statutaires et précaires est plus marquée à Canal Plus. Dans les couloirs de la chaîne cryptée, la question « T'es Canal ou pas ? » est rituelle.

L'utilisation des stagiaires (424 à Canal, 290 à TF1) est parfois douteuse. L'Inspection du travail s'est intéressée, en février 1999, au sort d'une dizaine d'entre eux occupés en permanence dans l'équipe de Demain, chaîne thématique de Canal Plus consacrée à l'emploi (!). À Canal, les stagiaires sont d'ordinaire rémunérés 25 ou 30 % du smic mais ne sont pas tous indemnisés. TF1 rétribue mieux ses stagiaires. « 40 % des recrutés sont d'anciens stagiaires », ajoute Emmanuel Grados. Si Canal Plus entretient sa réputation à coups de fêtes ou de distribution de glaces les jours de canicule, c'est quand même TF1, la « télé de maçon », qui a le mieux labouré le terrain social.

Les stars votent CFTC

Quel est le point commun entre les grandes stars de TF1 PPDA, Claire Chazal, Charles Villeneuve, Jean-Claude Narcy ou encore Jean-Pierre Pernaut, sont adhérents de la CFTC. « À TF1, les embauches et les promotions passent forcément par l'adhésion à la CFTC », estime un journaliste. Un syndicat dirigé par Marcel Caron, un personnage haut en couleur, qui est également secrétaire général de la fédération CFTC de l'audiovisuel. « La force de Marcel Caron est aussi due à la faiblesse des autres », tempère Pierre Vantorre, représentant CFDT. Ancien cameraman devenu rédacteur en chef technique, « Caron est en contact direct avec Le Lay avec qui il se vante de jouer au golf », affirme un salarié.

Emmanuel Grados apprécie les qualités de celui qu'il surnomme parfois « le DRH de l'audiovisuel » tant il défend ses troupes avec ardeur. L'estime est réciproque : « Grados est parfois plus syndicaliste que DRH », assure Marcel Caron, chaud défenseur de la politique sociale pratiquée quai du Point-du-Jour qui ajoute, cynique : « Le père Bouygues avait tout compris. Il préférait donner 10 % d'augmentation tout de suite plutôt qu'endurer une grève qui lui coûterait 20 % et de devoir ensuite accorder 15 % de hausse de salaire. »

TF1 a bien ouvert son conseil d'administration à quatre représentants des salariés. Mais on y retrouve bizarrement Jean-Pierre Pernaut ou l'assistante de Robert Namias, le directeur de l'information. Quand aux deux anciens leaders de la CGT, Claude Jacquet et Michel Sallandre, ils ont été promus respectivement directeur technique de LCI et responsable de la production du Studio 107 « en raison de leurs grandes compétences professionnelles », soutient le directeur des relations sociales.

Auteur

  • Jacques Trentesaux