Vive la reprise ! Les professionnels de l'embauche se frottent les mains. Les affaires reprennent. Après une longue période de disette où les entreprises ne recrutaient qu'au compte-gouttes, l'économie française a créé la bagatelle de 300 000 emplois l'an dernier. Elle devrait encore en générer un peu plus de la moitié cette année et presque autant en l'an 2000, si l'on en croit les prévisions de Bercy. Conséquence de ce boom des embauches : les journaux comme Le Monde, Le Figaro, L'Express, L'Usine nouvelle, ou 01 Informatique regorgent de petites annonces. Dopées par l'embellie, les offres d'emploi par voie de presse ont fait un bond de 30 % en 1998, dont 26 % pour celles à destination des cadres.

Attention toutefois au triomphalisme : si les entreprises recommencent à recruter massivement, trouver un emploi reste un sacré parcours d'obstacles. Car les employeurs ont toujours l'obsession de trouver the right man in the right place. Pour la bonne raison que se séparer d'un collaborateur est toujours, en France, un acte difficile et onéreux. Premier vecteur utilisé par les entreprises, les petites annonces sont loin d'être à l'origine de la grande majorité des embauches effectives. Autrefois omnipotentes, aujourd'hui concurrencées et complétées par d'autres méthodes de recrutement, les annonces presse n'hésitent plus à pousser très loin la séduction pour attirer les candidats.

Finis les textes lapidaires qui, en trois ou quatre lignes, décrivent le poste offert, son lieu d'affectation, les diplômes et l'expérience requis, et la fourchette de rémunération proposée. Dorénavant, l'entreprise se met en scène, se vend sous ses meilleurs atours : témoignages de salariés, de cadres ou de dirigeants, affichage de valeurs… Mieux vaut donc savoir décrypter le langage des petites annonces et ses artifices avant d'y répondre.

Les petites annonces ciblent traditionnellement les 25-35 ans. Au-delà et pour les postes de haut niveau, l'approche directe tient la corde. En France, les employeurs ont un faible pour la chasse de têtes. Un sport lucratif qui se porte d'autant mieux que les candidats se font plus rares, avec le dégel du marché du travail. « Un cadre de 35-45 ans, diplômé d'une grande école, polyglotte, avec une expérience à l'international, est chassé au moins tous les quinze jours, explique une consultante d'un cabinet de recrutement. Si, en plus, il appartient à un secteur tendu, comme l'informatique, il peut sans mal jouer les divas. » Une sollicitation permanente qui contraint les chasseurs de têtes à déployer sans cesse de nouvelles ruses pour traquer leur gibier.

Une fois les candidats appâtés, reste à sélectionner l'oiseau rare, le mouton à cinq pattes que recherche l'entreprise. Pour opérer ce tri, employeurs et cabinets de recrutement développent des trésors d'imagination. Si l'astrologie, la morphopsychologie, la numérologie et autres méthodes ésotériques et hautement folkloriques ne sont plus, semble-t-il, en odeur de sainteté, les tests psychotechniques gardent encore la cote. Les simulations de situation professionnelle dans le cadre des fameux assesment centers ont, eux, le vent en poupe. Et la bonne vieille analyse graphologique continue à faire la pluie et le beau temps chez les recruteurs hexagonaux. Au grand étonnement de nos voisins européens, qui émettent de sérieux doutes sur sa valeur scientifique.

Comment lire entre les lignes des petites annonces ? Pourquoi la graphologie est-elle sujette à caution ? Quelles sont les ruses des cabinets pour piéger les poissons qu'ils convoitent ? C'est l'objet de ce parcours dans les coulisses du recrutement.