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Édito

Les fausses promesses de l’immigration choisie

Édito | publié le : 01.02.2019 | Jean-Paul Coulange

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Les fausses promesses de l’immigration choisie

Crédit photo Jean-Paul Coulange

À la surprise générale – ce sujet n’avait pas été abordé durant la campagne présidentielle –, Emmanuel Macron a étendu le débat aux quotas d’immigration dans sa lettre aux Français, en évoquant des « objectifs annuels définis par le Parlement ». Ni plus ni moins que la proposition faite par Nicolas Sarkozy, il y a déjà dix ans, et vite retoquée par le Conseil constitutionnel. Ou que celle, en 2017, de François Fillon, l’éphémère candidat des Républicains, s’inspirant de l’incontournable modèle canadien. Eldorado de beaucoup de jeunes francophones, le Canada accueille, en effet, environ 300 000 immigrants, dont 60 % de migrants économiques retenus pour leurs compétences et, dans certaines provinces comme le Québec, en fonction de critères linguistiques, les francophones raflant la mise dans la Belle province. On est très loin de ces niveaux d’entrée dans l’Hexagone, où les « migrants économiques » représentent à peine 10 % des 260 000 titres de séjours délivrés en 2017, dernière année connue.

Les « quotas Macron » posent donc plusieurs types de questions. Outre le nombre total d’immigrés qui doivent obtenir le droit de séjour, sujet de société qui englobe au premier chef le regroupement familial, les objectifs annuels d’immigration fixés par le Parlement – au même titre que les objectifs annuels de dépenses de santé – devraient faire la part entre les migrants pour motif humanitaire (40 000 actuellement) et les migrants économiques, choisis en fonction de leur apport à l’économie. S’agissant des premiers, l’ancien président du Medef Pierre Gattaz n’avait pas caché, dès 2015, lorsque l’Allemagne leur avait ouvert grand la porte, qu’ils représentaient une « opportunité » pour les entreprises. Mais le patron des patrons songeait principalement à des bas niveaux de qualification pour les métiers de soudeurs ou de chaudronniers, qui faisaient déjà cruellement défaut.

On imagine mal, aujourd’hui, les députés fixer des quotas d’immigration de menuisiers ou de plombiers, alors que la récente loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel entend doper l’apprentissage et que, par ailleurs, 100 000 jeunes sortent actuellement du système scolaire sans diplôme. Néanmoins, des enseignes d’intérim exploitent le filon des réfugiés pour répondre aux pénuries dans le bâtiment ou dans la mécanique.

L’autre sujet porte évidemment sur des profils de développeurs, d’ingénieurs réseaux ou de data scientists, data owners et autres data miners, ces profils rares et chers (voir page 36) que les entreprises s’arrachent. La filière de l’immigration choisie peut naturellement constituer une solution. Mais elle ne saurait être qu’une alternative ou qu’un palliatif à l’investissement dans les compétences décrété par le chef de l’État.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange