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Édito

Quarante mois pour réformer

Édito | publié le : 01.01.2019 | Jean-Paul Coulange

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Quarante mois pour réformer

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Mille deux cent quinze jours, soit un peu plus de quarante mois. C’est le temps qu’il reste à Emmanuel Macron d’ici au prochain scrutin présidentiel. Un temps incroyablement long en politique, où la situation peut basculer d’un jour à l’autre, au gré d’évènements intérieurs ou extérieurs. Comme les attentats de fanatiques, ou le mouvement social inédit des « gilets jaunes ». Mais un temps effroyablement court au regard de la tâche à accomplir pour le président de la République, son Gouvernement et sa majorité. Retisser le lien social terriblement distendu entre les Français et leurs dirigeants, voire entre les Français eux-mêmes, résorber les profondes fractures territoriales, économiques, sociologiques qui sont apparues au grand jour depuis la mi-novembre, récréer de la cohésion sociale au sein de la Nation, redonner confiance et espoir à nos concitoyens, préparer la France à l’incontournable transition écologique et à la révolution numérique : voilà les vrais enjeux pour les trois années et demie à venir. Tout le reste, et même s’il s’agit de réformer l’assurance-chômage, rebâtir les régimes de retraites par répartition, rénover le système de santé au travail, est nécessaire mais pas suffisant.

Songez que l’on a vu, ces dernières semaines, des élus de la République insultés, bousculés, des bâtiments publics et privés pillés, dégradés, incendiés, des centaines de lycées bloqués et théâtres de violences sauvages, un pouvoir désemparé, des syndicats et corps intermédiaires dépassés… Autant de signes qui montrent que notre vieux pays ne va vraiment pas bien. Le feu couvait depuis des lustres, sans doute depuis les premiers soubresauts des chocs pétroliers auxquels les majorités qui se sont succédé depuis une quarantaine d’années n’ont pas su répondre. Le modèle social français, généreux, protecteur mais inégalitaire est resté le même qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec les mêmes structures, les mêmes architectures, les mêmes modes de fonctionnement, quand nos plus proches voisins réformaient, parfois dans la douleur mais souvent dans le consensus. Force est de constater que l’on a beaucoup rafistolé les systèmes sociaux sans refonder. Et pourtant, la France continue d’accumuler les déficits, les dettes et les hausses d’impôts jusqu’à devenir championne du monde en la matière. On préfère de loin voir l’Hexagone briller dans les enceintes sportives que se distinguer dans de tels classements. La gageure pour nos gouvernants est de bâtir un nouveau pacte social, sans que nos finances publiques se soient redressées. Et sans argent, il faudra beaucoup d’idées pour sortir de cette crise.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange